Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/369

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de petites chambres, longues de quatre pieds et demi, sur trois pieds et demi de largeur, pour loger ceux qui doivent composer. Il y a quelquefois jusqu’à six mille de ces chambres.

Avant que d’entrer dans le palais pour travailler à leur composition, on les visite à la porte et on examine avec la plus scrupuleuse exactitude, s’ils ne portent point sur eux quelques livres, ou quelque écrit : on ne leur permet d’apporter que des pinceaux et de l’encre. Si l’on découvrait quelque supercherie, les coupables seraient non seulement chassés, mais encore punis très sévèrement, et exclus des degrés de littérature. Quand tout le monde est entré, on ferme les portes, et on y appose le sceau public. Il y a des officiers du tribunal qui veillent à tout ce qui se passe, et qui ne permettent pas qu’on sorte des chambres, ou qu’on se parle les uns aux autres.

Au bout du chemin étroit, dont j’ai parlé, s’élève une tour posée sur quatre arcades, et flanquée de quatre tourelles, ou espèces de lanternes rondes, où, si l’on aperçoit quelque mouvement, l’on bat aussitôt le tambour, pour avertir de remédier au désordre. Près de cette tour se trouvent divers logements, et une grande salle bien meublée, où s’assemblent ceux qui président au premier examen.

Au sortir de cette salle on entre dans une autre cour, où l’on trouve une autre salle semblable à la première, mais plus magnifiquement meublée, avec divers appartements pour le président et les principaux officiers. On y voit encore des galeries, un jardin, et plusieurs petits logements pour les mandarins, les secrétaires, et les officiers les moins considérables ; enfin, tout ce qui est nécessaire, pour loger commodément tous ceux qui sont à la suite des examinateurs.

Quand on croit que les jeunes étudiants sont assez capables pour se présenter à l’examen des mandarins subalternes, on les y envoie au jour marqué. Pour mieux entendre ce qui suit, il faut se rappeler ce qui a déjà été dit, que la Chine contient quinze grandes provinces ; que chaque province renferme plusieurs grandes villes, qui ont le titre de fou ; et que ces villes en ont plusieurs autres du second et du troisième ordre qui relèvent d’elles, et qu’on appelle les unes tcheou, et les autres hien ; il n’y a point de ces villes du premier ordre qui n’ait dans son enceinte un hien, et quelquefois deux : car ce mot hien est à peu près ce que nous appelons bailliage. C’est par les hien qu’on recueille les tailles, et qu’on distingue même jusqu’aux lettrés ; on dira, par exemple, bachelier d’un tel hien.

Il ne faut pas croire néanmoins, que les lettres fleurissent également dans toutes les provinces : il y a beaucoup plus d’étudiants dans les unes que dans les autres. Le mandarin qui est à la tête de toute une province, s’appelle fou yuen ; celui qui gouverne un fou se nomme tchi fou on l’appelle encore fou tsun, c’est-à-dire, la personne illustre du fou, ou de la ville du premier ordre. Celui qui ne gouverne qu’un hien, a le titre de tchi hien, ou de hien tsun. C’est suivant cet ordre qu’il y a dans Kien tchang fou, un tchi fou, et deux tchi hien, et dans les fou qui sont