Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre très sage et ancien maître : les étudiants soir et matin se rendraient là, pour l’honorer en cette qualité.

A côté de cette salle, on bâtirait deux logements : Dans l’un serait celui du professeur ; dans l’autre un salon pour recevoir ses visites. On ménagerait de plus une décharge, où l’on garderait les différents meubles de la maison. Plus à quartier, du côté de l’orient serait la cuisine. On réserverait une espace vide en forme de jardin. Le bâtiment une fois achevé, on le meublerait de tabourets, de tables, de chaises à bras, de bandèges, de porcelaines ; en un mot, de tous les ustensiles de cuisine et des autres choses nécessaires. Voilà, comme l’on voit, bien de la dépense ; les gens de qualité, les riches y fourniraient chacun selon sa bonne volonté. Celui qui aurait la principale intendance de l’école, choisirait pour économe de la maison, un homme d’âge sage et vertueux.

Pour ce qui est du professeur, on choisira un homme d’une réputation saine, plein de probité, qui ait le talent d’instruire, et de former la jeunesse : pourvu qu’il ait ces qualités, il importe peu qu’il soit pauvre. On le présentera au mandarin du lieu qui examinera lui-même, s’il est capable d’un tel emploi. Alors l’ouverture de l’école se fera avec solennité, et la jeunesse sera avertie de s’y rendre, et de lui être bien soumise.

Les écoliers reconnaîtront leur maître par les révérences dues à cette qualité. Il leur sera libre de lui faire quelque présent, mais l’on ne pourra pas les y obliger : c’est néanmoins une coutume fort ancienne : Ouen Hong, fameux dans la province de Se tchuen, en rassemblant la jeunesse du pays pour être instruite, y introduisit l’usage d’offrir quelque chose au maître.

Il me paraît que cette pratique doit être conservée ; et il ne faut pas avoir regret à une petite dépense, lorsqu’elle est si bien placée : elle aide un professeur pauvre, tels que sont la plupart de ces maîtres, à passer doucement la vie, et à assister sa famille, dont il est quelquefois éloigné.

A la vérité, l’on doit plutôt compter sur des appointements réglés. C’est pourquoi, en fondant l’école, on achètera une certaine étendue de terres, dont le revenu sera employé à payer le maître et les gages des officiers de la maison.

Il distribuera avec ordre les exercices ordinaires de l’étude, Le matin il fera réciter par cœur l’endroit du livre, qu’il aura donné pour leçon le soir précédent, puis il en donnera une nouvelle, et il la proportionnera à la portée de l’écolier. Il est important qu’il prononce le son des lettres d’une manière claire et nette, donnant distinctement l’accent qui leur convient : de même en lisant, il doit marquer les différentes pauses, que demande un sens plus ou moins fini.

Les écoliers, après avoir déjeuné, se mettront à écrire. Le maître, en leur donnant des exemples, doit s’appliquer à tracer chaque lettre, selon le nombre des traits et le modèle de la dernière réforme Tchiang yun. Il conduira le pinceau, de manière que le caractère ait justement la figure et la beauté qui lui est propre. C’est sur ces exemples que les écoliers doivent travailler.