Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/43

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aiment mieux tomber dans la disgrâce du prince, et même être mis à mort, que de se désister de leurs poursuites, quand ils croient qu’elles sont conformes à l’équité, et aux règles d’un sage gouvernement.

L’un d’eux ayant accusé au feu empereur Cang hi, quatre colao et quatre grands officiers, et les ayant convaincus de s’être laissés corrompre par argent, pour la nomination des charges, ils furent cassés sur-le-champ, et réduits à la condition de gardes, qui sont de petits officiers du menu peuple ; ainsi l’on peut bien dire des officiers de cette cour, ce qu’un courtisan de Perse disait de ceux de son prince : Ils sont entre les mains du roi mon maître comme des jetons, qui ne valent que ce qu’il veut les faire valoir.

Lorsque l’empereur renvoie selon la coutume les requêtes de ces censeurs aux tribunaux pour en délibérer, il est rare que les mandarins donnent le tort aux censeurs, par la crainte où ils sont d’être accusés eux-mêmes. C’est ce qui donne à ces officiers un grand crédit dans l’empire ; mais aussi c’est ce qui tient tout dans le devoir, et dans la subordination si nécessaire pour maintenir l’autorité impériale.

Cependant quelque déférence qu’aient tous les mandarins, non seulement pour les ordres, mais pour les moindres inclinations de l’empereur, ils ne laissent pas dans l’occasion de faire paraître beaucoup de fermeté. Lorsque l’empereur interroge les tribunaux, et qu’ils répondent selon les lois, on ne peut ni les blâmer, ni leur faire aucun reproche ; au lieu que s’ils répondent d’une autre manière, les censeurs de l’empire ont droit de les accuser, et l’empereur de les faire punir, pour n’avoir pas suivi les lois.


Tribunal des princes à Peking.

Il y a encore à Peking un autre tribunal, uniquement établi pour y traiter les affaires des princes ; on ne veut pas qu’ils soient confondus avec le commun du peuple. Les présidents et les officiers de ce tribunal sont des princes titrés ; on choisit les officiers subalternes parmi les mandarins ordinaires ; c’est à ceux-ci de dresser les actes de procédure, et de faire les autres écritures nécessaires. C’est aussi dans les registres de ce tribunal, qu’on inscrit tous les enfants de la famille impériale à mesure qu’ils naissent, qu’on marque les titres et les dignités dont on les honore, qu’on les juge, et qu’on les punit s’ils le méritent. Les regulos, outre leurs femmes légitimes, en ont ordinairement trois autres, auxquelles l’empereur donne des titres, et dont les noms s’inscrivent dans ce tribunal. Les enfants qui en naissent, ont rang après les enfants légitimes, et sont plus considérés que ceux qui naissent de simples concubines, que les princes peuvent avoir en aussi grand nombre qu’ils le souhaitent.

Je n’entrerai point dans un plus grand détail des divers tribunaux établis dans la ville impériale, il suffit d’avoir parlé un peu au long des six principaux auxquels ils sont subordonnés ; mais je n’en puis omettre un qui est singulier en son genre, et qui fait connaître le cas qu’on fait à la Chine des gens de lettres.


Des Lettrés

Tous les trois ans tout ce qu’il y a de kiu gin, c’est-à-dire de licenciés dans l’empire, se rendent à Peking pour parvenir au degré de docteur ; on les examine rigoureusement durant 13 jours, et il n’y en a qu’environ trois