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La troisième s’appelle comparaison ; parce que tout ce qui y est contenu s’explique par des similitudes et des comparaisons.

La quatrième contient des choses élevées jusqu’au sublime parce qu’elles commencent d’ordinaire par certains traits hardis, qui causent de l’admiration, et qui préparent l’esprit à se rendre attentif à ce qui suit.

Enfin la cinquième renferme les poésies suspectes, et que Confucius a rejetées comme apocryphes. Pour donner quelque idée de cet ouvrage, je vais en rapporter quelques odes, qui ont été fidèlement traduites par le père de Prémare.


ODES CHOISIES DU CHI KING


PREMIÈRE ODE
Un jeune roi prie ses ministres de l’instruire.


Je sais qu’il faut veiller sans cesse sur soi-même ; que le Ciel a une intelligence à qui rien n’échappe ; que ses arrêts sont sans appel. Qu’on ne dise donc pas qu’il est tellement élevé et si loin de nous, qu’il ne pense guère aux choses d’ici-bas. Je sais qu’il considère tout ; qu’il entre dans tout, et qu’il est sans cesse présent à tout. Mais hélas ! je suis encore bien jeune ; je suis peu éclairé, et je n’ai pas assez d’attention sur mes devoirs ; je m’applique cependant de toutes mes forces, et je tâche de ne point perdre de temps, ne désirant rien avec plus d’ardeur, que d’arriver à la perfection. J’espère que vous m’aiderez à porter un fardeau si pesant et que les bons conseils que vous voudrez bien me donner, ne serviront pas peu à me rendre solidement vertueux, ainsi que je le désire.


SECONDE ODE
A la louange de Ven vang[1]


C’est le Ciel qui a fait cette haute montagne, et c’est Tai vang qui l’a rendue un désert : cette perte vient uniquement de sa faute : mais Ven vang lui a rendu son premier éclat. Le chemin où celui-là s’était

  1. Ven vang, selon les interprètes et les historiens, était père de Vou vang, fondateur de la troisième race. Ven vang signifie proprement Roi de paix.