Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/459

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quel est le motif qui le fait agir. Portez votre curiosité encore plus loin : examinez quelles sont ses inclinations, et à quoi il prend le plus de plaisir. Après cela il aura beau se contrefaire, vous le connaîtrez tel qu’il est. Celui qui approuve les mauvaises sectes, dit-il encore, telles que sont celles des bonzes ho chang et tao sseë, se fait un grand tort à lui-même, et cause un grand préjudice à l’empire. Il n’y a de vraie doctrine que celle que nous avons reçue des anciens sages, qui nous enseigne à suivre la droite raison, à conserver la droiture du cœur, à garder la bienséance, à corriger nos défauts, et à réformer nos mœurs.

Dans le troisième il entre dans le détail des cérémonies prescrites, pour honorer les parents défunts, et il reprend ceux qui les négligent, ou qui les transgressent. Il parle du culte dû aux esprits, des lois impériales, de la musique, et de la manière de s’exercer à tirer de l’arc[1].

Dans le quatrième il parle des devoirs des enfants envers leurs parents. Il montre la différence qu’il y a entre un homme droit, et un fourbe ; entre un homme sage, et un insensé. Voici quelques-unes de ses maximes. Par les fautes mêmes des hommes, on peut juger s’ils sont vertueux ou non : Un homme vertueux ne pêche guère que par excès d’affection et de reconnaissance ; un homme vicieux pêche d’ordinaire par excès de haine et d’ingratitude. Le sage n’a en vue que la beauté de la vertu, et l’insensé ne songe qu’aux commodités et aux délices de la vie : Le sage ne s’afflige point de ce qu’on manque à l’élever aux grandes charges, mais de ce qu’il manque lui-même des qualités nécessaires, pour les remplir dignement. En voyant les vertus des sages, c’est être sage que de les imiter. En voyant les vices des méchants, c’est être vertueux que de se sonder soi-même, et d’examiner si l’on n’est pas sujet aux mêmes vices.

Dans le cinquième, Confucius porte son jugement sur les qualités, le naturel, les vertus, et les défauts de quelques-uns de ses disciples. Il loue, par exemple, un nommé Tsu uen, qui ayant été élevé trois fois à la charge de premier ministre dans le royaume de Tsou[2], ne donna aucun signe de joie ; et qui ayant été autant de fois dépouillé de sa dignité, ne donna aucun signe de tristesse. A quoi il ajoute : Je juge de là que c’est un excellent ministre ; mais qu’il fût vertueux, je n’oserais l’assurer ; car pour en être certain, il faudrait pouvoir pénétrer dans son intérieur, et connaître s’il a la droiture du cœur. Il enseigne ensuite qu’on ne doit point juger de la vertu d’un homme par quelques actions extérieures, qui n’ont souvent que l’apparence de la vertu ; que c’est dans le cœur et dans sa droiture naturelle, que réside la vraie vertu.

  1. Dans cet exercice où l’on apprenait à tirer de l’arc, on mettait pour but une peau de bête. Pour l’empereur c’était une peau d’ours ; pour un roi, une peau de cerf ; pour un mandarin, une peau de tigre ; et pour un lettré, une peau de sanglier. L’empereur tirait à 120 pas du but, le roi à 80, le mandarin à 70 et le lettré à 50. Ces différentes distances marquaient les divers degrés d’autorité et de juridiction.
  2. C’est la province de Hou quang.