Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/538

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Nous ordonnons à cet effet, que notre présente déclaration soit publiée dans tout l’empire, et qu’on soit instruit de nos intentions.

Sur cette pièce, l’empereur Cang hi dit : Cette déclaration va droit à l’essentiel : il n’y a pas de parole qui ne porte. Ce qu’il y a sur le compte des subalternes, marque un prince qui n’ignorait rien des plus secrètes misères des peuples.


Déclaration de l’empereur Vou ti, par laquelle il recommande qu’on lui donne des lumières pour bien gouverner, qu’on l’instruise sur certains points, et qu’on lui parle avec liberté.


Élevé par un bonheur[1] singulier sur le trône de mes ancêtres, pour le transmettre à ma postérité ; chargé du gouvernement de ce grand empire, pour en augmenter la splendeur ; plein de reconnaissance pour l’honneur qu’on m’a fait, je sens aussi toute la pesanteur du fardeau dont on m’a chargé. Depuis mon avènement à la couronne, je m’applique jour et nuit, sans me donner un moment de relâche. Malgré cela, j’ai sujet de craindre qu’il n’échappe bien des choses à ma vigilance, et que je ne fasse bien des fautes. C’est pourquoi j’ai recommandé chez tous les[2] Tchu lieou, et dans tout l’empire, qu’on cherchât des gens capables de m’instruire, et de m’aider dans le grand art de gouverner.

Vous donc, Ta fou[3], qui êtes à la tête de ceux qu’on m’a présentés, (rang où je vous vois avec plaisir, et dont vous paraissez très digne,) vous, dis-je, lisez ceci avec attention. Voici de quoi il s’agit, et sur quoi j’attends de vous des lumières. J’ai ouï dire que sous nos cinq Ti et nos trois Vang, l’empire jouissait d’une paix charmante ; que cependant ils n’employaient pour la maintenir, que quelques règlements assez simples, et quelques pièces de musique. Après la mort de ces grands princes, la forme de leurs cloches, de leurs tambours, et de semblables instruments, a passé jusqu’à nous. Mais pour leur gouvernement, il n’a pas eu le même sort. Il est tombé peu à peu en décadence. Sous Kié, Tcheou[4], et leurs semblables, il n’en restait presque aucun vestige.

Ce qui me paraît de plus surprenant, c’est que dans l’espace de cinq cents

  1. Ces expressions font allusion à ce que King son père, le fit son successeur préférablement à son ainé.
  2. Princes tributaires.
  3. C'est un degré d'honneur : il y avait élevé Tchuen ti hong chu, le plus élevé des sages qu'on lui avait présentés. C'est à lui que s'adresse la parole.
  4. Nom de très-méchants princes.