Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand État ; mais il avait d’excellentes troupes. Les autres se soulevèrent plus tôt ou plus tard à proportion qu’ils étaient plus ou moins forts. Li vang de Tchang cha fut le seul qui ne s’écarta en rien du respect et de l’obéissance qu’il devait au souverain : mais aussi son État ne se réduisait qu’à vingt-cinq mille familles. On dit de lui avec vérité, que quoi qu’il ait moins fait qu’aucun des autres pour la maison régnante, elle lui est cependant redevable, parce qu’il n’a jamais rien fait qui lui fût contraire. En effet, quoique l’éloignement où il était de la cour impériale, pût l’enhardir ; il demeura toujours soumis et fidèle. Mais cette constante fidélité fut-elle un pur effet de sa vertu, ou même de son naturel différent de celui des autres ? Ne peut-on point dire sans témérité, que la différence de ses forces y eut aussi quelque part ? Venons donc au fait.

On donna autrefois à Fan, à Ki, à Kiang, et à Koan quelques dizaines de villes comme en gage, avec le titre de Vang. On a éteint dans la suite ces petits royaumes, et il est bon de ne point les rétablir. On accorda aux descendants de Han sin et de Yué le titre et le rang de Tchu heou : ils l’ont encore aujourd’hui. On peut, sans grand inconvénient le leur laisser, mais sans conséquence pour aucun autre. Car si vous voulez tenir sûrement tous les vang dans le devoir, et couper pied aux intrigues des Grands d’un ordre inférieur aux vang ; rien n’est mieux que de réduire les premiers sur le pied du vang de Tchang cha, et d’en user avec les seconds comme on a fait ci-devant avec Fan, Ki, Kian, et Koan. Voulez-vous en même temps établir votre autorité, et assurer à l’empire une paix durable ; multipliez les principautés, afin que chaque prince soit moins puissant. La petitesse de leurs États leur ôtera la tentation de remuer. Alors il sera facile, en les traitant bien, de vous les tenir attachés, et aussi prêts à vous obéir selon les lois de l’empire, que les doigts sont prompts à suivre le mouvement du poignet. Mettez les choses sur ce pied-là, et je vous réponds que chacun dira : ô le grand trait de sagesse ! Voilà l’empire en paix pour longtemps. Commencez par partager les trois royaumes Tsi, Tchao et Tsou, en autant de principautés que le porte leur étendue, les rendant chacune à peu près égale au domaine de Tchang cha ; réglez que les trois vang qui possèdent aujourd’hui ces trois royaumes, donnent à chacun de leur fils ou petit-fils, selon l’ordre de leur naissance, une de ces principautés, jusqu’à ce que chacune ait son prince. Faites-en de même de Leang, de Yen et des autres royaumes. S’il arrivait que les fils et petits-fils des vang d’aujourd’hui fussent en plus petit nombre que ces principautés ainsi divisées, réglez que celles qui resteront alors sans princes, soient données aux enfants des petits-fils.

Quant à certaines principautés enclavées dans quelqu’un des susdits royaumes, et possédées par des familles qui ont titre de tchu heou, il faut en marquer exactement les limites, en faire des États distingués comme les autres, avec droit de succession, sans qu’ils puissent être réunis à votre domaine, que pour cause de félonie. Par là vous obligez plus de gens, sans que vous preniez rien sur personne à votre profit particulier ; et tout l’empire