Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/609

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bien des choses. C’est là ce qui demande nos précautions. Le petit mot de Tchang che chi était plein de sens : il indiquait ce que je viens de dire, Hiao ouen le comprit bien : il renonça aux dépenses qu’il projetait.

Anciennement, disent nos livres, on revêtait le corps du défunt d’habits forts et épais : on le plaçait dans quelque lieu à l’écart bien entouré de fagots, sans l’enfermer autrement. Dans la suite quelques sages jugèrent à propos de changer cette coutume, et mirent en vogue un double cercueil. On dit que c’est sous Hoang ti que se fit ce changement. Ce Hoang ti lui-même fut inhumé sur le Mont Kiao. Yao le fut à Tsi yn. Ce fut à fort peu de frais, et leur sépulture n’a rien de magnifique. Chun fut inhumé à Tsang ou, sans que ses deux femmes l’y suivissent. Yu eut sa sépulture à Hoei ki ; on n’y planta pas même des arbres. Où est la sépulture de Tching tang et des autres empereurs de sa dynastie ? C’est ce que l’histoire ni la tradition ne nous disent point. Ven vang, Vou vang et Tcheou kong ont eu la leur à Pi. Celle de Mou kong roi de Tsing est à Yong. Celle de Tchu li tse à Vou kou. Toutes sont d’une grande simplicité. Ce fut une sage précaution dans ces princes de l’avoir ainsi prescrit. Au regard de leurs enfants, ou de leurs sujets, ce fut en eux un trait de sagesse et de piété de se conformer à leurs intentions. Tcheou kong était cadet de l’empereur Vou vang. Il fut chargé de ses funérailles : il les fit tout à fait modiques. Confucius enterra sa mère à Fang. Ce fut dans un vieux tombeau, qu’il n’éleva que de quatre pieds : ce tombeau ayant été endommagé par les pluies, les disciples de Confucius ne se contentèrent pas de le réparer ; ils l’embellirent. Confucius l’ayant appris : hélas ! dit-il en versant des larmes ; l’antiquité n’en usait pas de la sorte.

Yen liu ki tze étant allé faire un voyage dans le royaume de Tsi, son fils qui était avec lui, mourut en chemin comme ils revenaient. Il le fit enterrer précisément avec les habits de la saison, dans une fosse assez peu profonde, et ne mit de terre par-dessus, qu’autant qu’il en fallait pour bien faire connaître qu’un mort y reposait. Cela fait, il dit en pleurant son fils : c’est le sort de notre corps de retourner en poussière. C’est une chose arrêtée ; la pourriture pénètre partout, quelque précaution qu’on puisse prendre. De l’endroit où ce fils mourut, il n’y avait plus guère que cent lieues jusqu’au lieu de sa naissance. Son père le fit inhumer là même où il était mort[1], sans s’embarrasser de le faire porter à la sépulture de la famille. Confucius faisant voyage, apprit ce qu’avait fait et dit Yen liu ; il l’approuva, et loua Yen liu, comme sachant bien les rits. Confucius assurément était bon fils ; Yen liu, bon père ; Chun et Yu très attachés à leur prince. Tcheou kong aimait Vou vang comme son aîné, et l’honorait comme empereur. On voit cependant que tous ces grands hommes, comme s’ils eussent agi de concert, ont évité la magnificence et les frais dans les funérailles et les sépultures. Était-ce par une épargne sordide ? Non, sans doute,

  1. C’est la coutume de le faire. Tous ceux qui ont quelque rang n’y manquent point encore aujourd’hui.