Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/621

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qu’il demandait. Dans le livre dont ces pièces sont tirées, on met en marge quelques réflexions, qu’un ancien auteur nommé Hou yu, fait sur l’évènement dont il est parlé dans celle-ci.

Plusieurs de nos empereurs, dit cet auteur, voyant tout tranquille au-dedans, ont été tentés de faire au-dehors des conquêtes, et se sont piqués de soumettre des peuples, qui n’avaient pu être soumis par les dynasties précédentes. Tel fut entre autres Vou ti, un des Han, qui pendant plus de trente ans occupa de grosses armées contre ses voisins au nord-ouest, et sans succès. Au contraire, sous les règnes de Suen ti, Yuen ti, Tching ti et Ngai ti, princes, qui ne pensaient à rien moins qu’à faire des conquêtes, on vit de ces peuples se soumettre, particulièrement du temps de Ngai ti, sous le règne duquel la dynastie Hou était bien déchue, Ou sun[1] rendit hommage selon les rits, et plus de cinquante petits princes de ces régions occidentales, avaient un sceau qu’ils recevaient de notre empereur.

Quoique rien en apparence ne pût être plus glorieux et plus avantageux pour la Chine, pour moi quand je la considère dans cette situation, je la compare à un grand arbre qui pousse de longues branches et un épais feuillage, mais dont les vers attaquent le tronc et la racine. L’arbre tout beau qu’il paraît, est en grand danger. Aussi nos sages rois de l’antiquité s’occupaient du soin de bien régler le dedans de leur empire : ils en faisaient leur capital, et ils étaient bien éloignés de le négliger pour former des desseins au loin. O qu’ils l’entendaient bien ces grands hommes !

Kong quang ministre sous Ngai ti, proposa à ce prince de détruire les palais de ceux de ses ancêtres, dont le temps et le rang était passé. La proposition en général parut raisonnable. Toute la difficulté fut sur le palais des Hia vou[2], sur lequel les avis furent partagés. Quan le, Pong suen, et quelques autres étaient du sentiment qu’il fût détruit, disant que quoique Hiao vou eût été un très grand prince, et que l’empire lui eût de grandes obligations, cependant son temps était expiré, et que suivant les degrés de succession et de parenté, son palais se devait aussi détruire. Lieou hing, Ouang-chun, et quelques autres furent d’un avis contraire. Ils présentèrent sur cela de concert un petit discours à l’empereur. Il est employé tout entier à faire valoir le règne de Hiao vou, qui, selon ce qu’ils en disent, et ce qu’en dit l’histoire, fut un très grand prince, et surtout un grand conquérant. Ils finissent par dire que les King[3] n’ont rien déterminé clairement sur le nombre des degrés, dont ces palais peuvent subsister ensemble. Ils montrent par quelques exemples qu’il y en a eu pour sept générations en même temps. Ngai ti suivit ce dernier avis, et le palais de Hiao vou fut conservé.

  1. C'est celui qu'on a ci-devant nommé Tan yu.
  2. C'est celui qui est ailleurs nommé Ven ti.
  3. Livres en vers qui font règle.