Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/623

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sur cette pièce l’empereur Cang hi, dit : Quang vou avait été bien longtemps à la tête des armées[1]. Il savait combien la guerre fait souffrir les peuples. Il n’est pas surprenant qu’il prenne ainsi garde à ne s’y pas engager sans nécessité.

Une glose dit que depuis cette déclaration, personne ne s’avisa de proposer à Quiang vou des projets de guerre.


Ming ti quatrième fils de Quang vou fut son successeur. Étant tai tze[2], il avait pour précepteur Ouen yong. Celui-ci étant infirme, demanda par un placet à se retirer de la cour. Ming ti alors empereur fit au placet de Ouen yong une réponse par écrit, telle que je vais la traduire.


J’ai eu le bonheur dès ma plus tendre jeunesse d’étudier sous vous pendant neuf ans. Malgré vos soins je suis encore un homme sans pénétration et sans lumière. Nos cinq King ont de l’étendue : les paroles de nos anciens sages dont ils sont pleins, sont mystérieuses et profondes. C’est tout ce que peuvent faire les génies du premier ordre, que de les pénétrer à fond : chose bien au-dessus de la portée d’un homme sans génie, et sans talent, tel que je suis. Votre secours me serait encore très utile, et je sens combien peu je mérite ce que vous me dites d’obligeant, en demandant à vous retirer. D’autres que vous ont usé de termes à peu près semblables à l’égard de certains de leurs disciples : mais ces disciples étaient en effet gens habiles, qui avaient parfaitement pénétré nos King. D’ailleurs ils étaient obligés par des devoirs pressants, et par des affaires de famille, de s’éloigner de leur maître. Ils lui en témoignaient leur chagrin, et le maître leur répondait par des marques d’estime qu’ils méritaient. Pour moi, je ne mérite point celles que vous me donnez dans votre placet. Mais puisqu’absolument vous voulez vous retirer, je n’ose m’y opposer : je vous recommande seulement de ménager votre faible santé, de ne rien épargner pour cela ; enfin de faire le cas que vous devez de votre précieuse personne[3].

  1. Quang vou lui-même dans une lettre à un de ses officiers dit : j’ai été dix ans à l’armée : je ne sais ce que c’est que vains compliments.
  2. Tai, signifie Grand, très grand. Tze signifie fils. On joint communément à ces deux caractères, le caractère Ho hang, et l’on dit Hoang tai tze pour exprimer celui des enfants de l’empereur qui est désigné successeur.
  3. Le chinois dit de votre corps de pierres précieuses.