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Quand ce catalogue des notes est arrivé à Peking, le tribunal suprême auquel il est adressé, les examine, et le renvoie au viceroi, après avoir marqué la récompense, ou la punition, qu’il ordonne pour chaque mandarin de la province.


Punitions et récompenses pour les mandarins.

On casse de leurs emplois ceux qui ont de mauvaises notes, pour peu qu’elles intéressent le bon gouvernement; on élève ceux qui sont notés avec éloge à un mandarinat supérieur. Tel, par exemple, qui était mandarin d’une ville du troisième ordre, et qui a donné des preuves de sa capacité, est élevé au gouvernement d’une ville du second ordre, pour lequel il paraît avoir les talents nécessaires.

Il y en a d’autres qu’on se contente d’élever ou d’abaisser de quelques degrés. Les mandarins sont alors obligés de mettre à la tête de leurs ordonnances, le nombre de degrés qui les élèvent ou qui les abaissent : Par exemple, Moi, un tel mandarin de cette ville, élevé de trois degrés Kia fan kie, ou bien abaissé de trois degrés Kiang fan kie, fais savoir et ordonne etc. Par ce moyen le peuple est instruit de la récompense ou de la punition que le mandarin a mérité. Quand il est élevé de dix degrés, il a lieu de se flatter qu’il montera bientôt à un autre mandarinat supérieur : si au contraire il vient à être abaissé de dix degrés, il court risque de perdre son emploi.


Établissement de commissaires sur la conduite des mandarins.

4° Comme les officiers généraux pourraient se laisser corrompre par l’argent, que leur donneraient les gouverneurs particuliers des villes, et se rendraient faciles à conniver aux injustices des mandarins qui vexeraient le peuple, de temps en temps l’empereur envoie secrètement des inspecteurs dans les provinces, qui parcourent les villes, qui se glissent dans les tribunaux, pendant que le mandarin tient l’audience, qui s’informent adroitement des artisans, et du peuple, de quelle manière il se conduit dans l’administration de sa charge ; et lorsqu’après des informations secrètes, il s’est convaincu de quelque désordre, alors il découvre les marques de sa dignité, et se déclare envoyé de l’empereur.

Comme son autorité est absolue, il fait à l’instant le procès aux mandarins coupables, et les punit selon toute la sévérité des lois : ou bien, si les injustices ne sont pas si criantes, il envoie ses informations à la cour, afin qu’elle en décide.

Il y a quelques années, que l’empereur nomma de ces sortes de commissaires, pour la province de Canton : il s’agissait d’une affaire qui concernait le viceroi et le contrôleur général du sel, lesquels avaient envoyé à Peking des accusations l’un contre l’autre. Le peuple de la province, qui souffrait de la cherté du sel, dont le prix était augmenté considérablement, prenait le parti du viceroi contre le contrôleur ; et la plupart des mandarins généraux parlaient en faveur du dernier, contre le premier.

La cour attentive à ce démêlé, et voulant connaître le coupable, envoya à Canton en qualité de commissaires, le tsong tou des provinces de Tche kiang et de Fo kien, et le tsong tou des provinces de Kiang nan et de Kiang si.

A leur arrivée à Canton, ils refusèrent les honneurs que la coutume