Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/640

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sous la même dynastie, King tching proposa à l’empereur de lever les défenses faites sur le sel. Dans la supplique il dit ce qui suit.


Le livre des rits au chapitre Yue leng, dit nettement qu’il ne faut point défendre au peuple, de prendre dans les forêts, dans les montagnes, dans les prairies et dans les lacs, ce qui peut servir à leur nourriture, comme gibier, fruits et choses semblables. Il veut même que les propriétaires soient les premiers à y inviter, et y conduire ceux qui ont besoin de quelques-unes de ces choses. Aussi veut-il en même temps que quiconque usera de force, et prendra par violence, soit sans rémission puni de mort. Cela s’appelle vouloir qu’on s’aide et qu’on se communique ce qu’on a. Il est vrai que dans le livre des rits du temps des Tcheou on lit des défenses de pêcher, etc. mais ce n’était que pour un certain temps, et pour empêcher que la pêche faite hors de saison ne nuisît à la multiplication des poissons, et n’épuisât les rivières et les lacs. Bien loin que ces défenses fussent à charge, elles conservaient et multipliaient le poisson au profit des peuples.

Le premier soin d’un père de famille, c’est de pourvoir abondamment à la nourriture de ses enfants : c’est de quoi il se fait surtout honneur. A plus forte raison le souverain qui est le père et la mère de ses peuples, en doit-il user de la sorte. On ne voit point un riche père de famille disputer à ses enfants un peu de vinaigre, ou semblable bagatelle propre à réveiller l’appétit. Convient-il que le souverain d’un riche et puissant empire soit moins bon à ses sujets, et leur dispute une chose des plus communes que Tien forme pour leur usage ? C’est cependant ce qui se fait en leur défendant le sel. Je sais que le motif de cette défense bien plus ancienne que votre règne, et que votre dynastie, est ce que le prince en retire. Mais n’est-ce point imiter un homme, qui quoique riche, n’aurait soin que de sa bouche et de ses dents, et négligerait le reste du corps ? Tous les sujets, hommes et femmes, ne travaillent-ils pas pour le souverain ? Ce qu’ils lui fournissent par an, ne suffit-il pas pour soutenir sa dignité, et pour entretenir ce qu’il faut de troupes ? Un prince, pour qui tant de gens travaillent, peut-il raisonnablement craindre de manquer ? Convient-il qu’une telle crainte lui fasse interdire au peuple ce que lui offrent quelques étangs ? Les anciens rois en usaient bien autrement. Leur premier soin était de pourvoir abondamment aux besoins des peuples : par là ils les rendaient attentifs et dociles à l’instruction qui suivait. Voilà ce qui les a rendus célèbres ; voilà de quoi le Chi king les loue.

Je suis un homme peu intelligent, et dont les vues sont fort courtes : mais j’aime à lire, et je lis beaucoup. Quand après avoir vu dans nos anciens