Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/655

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obligé de quitter leur pays, qu’on ait soin qu’ils y retournent, et qu’à leur retour, on leur fournisse à mes frais, de quoi se remettre sur pied, suivant leur ancienne condition. J’ordonne aussi aux officiers généraux de chaque province d’examiner avec soin quels sont les excellents, les bons, et les méchants officiers subalternes, pour m’en envoyer une liste, et qu’elle soit cachetée. Qu’ils aient aussi soin de s’informer, chacun dans l’étendue de son ressort, s’il y a dans quelque condition que ce soit, des gens en qui on reconnaisse un vrai talent pour les affaires, ou pour la guerre, ou qui se distinguent par leur vertu : qu’ils m’en dressent un mémoire. Enfin s’il y en a d’autres, qui après s’être licenciés dans les derniers troubles, ont gagné sur eux de se corriger en ce temps de paix je veux aussi qu’on m’en instruise. Savoir pleurer ses fautes, et se corriger, c’est une chose que bien des sages rois ont estimée, et dont je fais cas à leur exemple. Que la présente ordonnance soit publiée sans délai. On le dit, et il est vrai. On se sent souvent pendant trois ans d’un jour perdu mal-à-propos. L’empire ne peut être trop tôt instruit de mes intentions.


La troisième des années nommées Tchin koan, Li ta leang fut élevé à la dignité de Tai fou, et fut envoyé dans tout le territoire de Leang tcheou. Quelque temps après, un député de l’empereur Tai tsong passant par ce pays-là, vit un excellent oiseau de chasse. Aussitôt il proposa à Ta leang d’en faire un présent à l’empereur. Ta leang le donna au député, pour l’envoyer s’il le jugeait à propos. En même temps il fit tenir secrètement à l’empereur un mémoire conçu en ces termes.


Il y a longtemps que V. M. a renoncé hautement au divertissement de la chasse. Voici cependant qu’un de vos députés a demandé pour elle un oiseau à cet usage. Ou il l’a fait, parce qu’il était instruit de vos dispositions à cet égard, et qu’il croyait vous faire plaisir ; ou il l’a fait de son chef, et sans savoir vos intentions. S’il l’avait fait sans être bien instruit, ce serait un malhabile homme, et peu digne de son emploi. Mais s’il croît en cela vous faire plaisir, il faut donc que V. M. se soit relâchée de ses premières résolutions, et qu’elle ait comme annuler ses anciens ordres.