Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/657

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le neuvième était Des châtiments et des récompenses ; le dixième, De l’application à faire fleurir l’agriculture ; le onzième traitait de l’art militaire, qu’un prince ne doit pas ignorer ; le douzième, traitait des lettres qu’un prince doit principalement estimer et cultiver. Toutes ces matières étaient traitées de manière, qu’il y avait de quoi former le prince à la vertu, et de quoi lui apprendre à bien gouverner. Tai tsong adressant ce livre à son fils, mit à la tête une préface. La voici.


Ces douze chapitres quoique courts, contiennent les grandes règles de nos anciens et sages rois, et les devoirs des bons princes. C’est du prince que dépend le trouble ou le repos, la ruine ou la prospérité des États. Il est aisé de savoir ces règles, et de connaître ces devoirs. Le point est de les suivre et de les remplir ; cela n’est pas si aisé et ce qui l’est moins encore, c’est de le faire constamment et jusqu’à la fin, sans jamais se démentir. Il ne faut pas s’imaginer que ces méchants princes, dont le nom est en horreur, n’aient su que le chemin du vice ; et que nos sages et vertueux empereurs, dont on célèbre tant la mémoire, n’aient connu que celui de la vertu. Les uns et les autres ont connu les deux différentes routes : mais l’une va en pente et est facile à suivre ; l’autre conduit par des hauteurs, qui paraissent fatigantes. Les âmes basses, sans avoir égard au reste, suivent la route la plus aisée, qui les conduit à leur perte. Les grandes âmes au contraire, sans s’effrayer des difficultés, marchent courageusement par l’autre voie. Bientôt la prospérité qui les y suit, récompense leur courage. De sorte que ce sont les hommes, qui, par leur différente conduite, se font heureux ou malheureux. Et ce qu’ont dit quelques-uns de je ne sais quelles portes de bonheur et de malheur, ou bien est ce que je viens de dire, enveloppé de figures, ou bien n’est qu’une pure fiction.

Si vous[1] voulez régner comme il faut, marchez par la voie des grandes âmes. Proposez-vous pour modèles, et prenez pour maîtres nos plus sages princes. Ne vous bornez point à ce que je fais. Celui qui tâche d’imiter les plus grands princes, demeure souvent bien au-dessous d’eux. N’aspirer qu’à quelque chose de médiocre, c’est le moyen de n’y pouvoir pas même parvenir. Non, il n’y a qu’une vertu du premier ordre, qui doive être votre modèle. Pour moi, depuis que je suis sur le trône, j’ai fait quantité de fautes. J’ai été curieux de belles étoffes, de broderies, de perles mêmes, et de pierres précieuses. User ordinairement de tout cela comme j’ai fait, c’est bien mal se précautionner contre les passions. J’ai orné de sculpture mes édifices, j’ai même fait élever quelques terrasses.

  1. Il parle à son fils.