Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/709

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Gin tsong n’ayant point de fils, adopta un jeune homme de ses parents, et le déclara prince héritier. Ce jeune prince étant infirme, et faisant différentes fautes, l’empereur et l’impératrice eurent quelque temps la pensée d’en choisir un autre, et ils ne la tinrent pas si secrète que le jeune prince n’en fut instruit. Ils quittèrent cette pensée et Gin tsong mourant, le jeune prince fut déclaré empereur. Étant aussitôt tombé malade, et sa maladie le mettant hors d’état de prendre soin des affaires, l’impératrice mère prit en main le gouvernement, donnant régulièrement ses audiences, et délibérant de tout avec les ministres au travers du rideau. Dès que le jeune empereur fut guéri, elle lui remit en main le gouvernement. Ce prince qui avait été instruit que Gin tsong et l’impératrice avaient pensé quelque temps à le destituer, leur en voulait intérieurement du mal ; et il témoigna du chagrin de ce que l’impératrice avait gouverné pendant qu’il était malade. Les officiers du palais entrant dans son ressentiment en usaient très mal à égard de cette princesse, et la laissaient manquer de beaucoup de choses, elle et ses filles. Dans ces conjonctures l’empereur instruit des services et du mérite de Fou pi, le nomma ting tché, emploi alors très considérable. Fou pi s’excusa d’accepter cet emploi, et profita d’une si belle occasion pour exhorter l’empereur à en user autrement qu’il ne faisait à l’égard du feu empereur et de l’impératrice mère encore vivante. Ce fut par écrit selon la coutume. Voici son discours.


Prince, je suis sensible comme je le dois, à la bonté que vous avez de vouloir récompenser quelques services que j’ai rendus, selon mon devoir, au feu empereur votre père. Mais j’aimerais beaucoup mieux que vous vous pressassiez de reconnaître les obligations que vous avez à ce prince, et à l’impératrice son épouse qui vit encore. Parmi bien des princes du sang, dont quelques-uns étaient à leur égard au même degré que vous, ils vous ont choisi pour succéder au trône. Si vous portez aujourd’hui le glorieux nom de fils de Tien[1], si vous possédez

  1. Tien tze, nom qu’on donne par honneur aux empereurs chinois.