Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/795

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je recommande, dit aussi Mong tse, en quoi principalement consistent-elles ? A bien retenir et fixer son sin. Un homme retient-il ainsi son sin, sans se laisser distraire aux objets sensibles, ou troubler par les passions qu’ils excitent ; alors, soit qu’il lise, soit qu’il médite sur ce qu’il a lu, peu de choses lui échappent. Et s’il pouvait en venir jusqu’à conserver cette disposition dans le commerce du monde, la multitude des affaires, et la diversité des objets ne lui nuiraient point. Il saurait en toutes choses prendre son parti, sans s’écarter de son devoir. Voilà quelle est ma pensée, quand je dis que pour lire nos King avec tout le fruit possible, il faut une attention respectueuse, et une résolution bien ferme.


Leang ke kia devenu ministre d’État sous l’empereur Hiao tsong, fit tout ce qu’il put, pour engager Tchu hi à entrer dans les affaires. Tchu hi s’en excusa constamment. Un jour que Leang ke kia le pressait plus que jamais par une lettre, Tchu hi lui fit la réponse qui suit.


J’ai lu avec respect la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire[1]. Une vertu médiocre et faible, telle qu’est la mienne, cherche un asile dans la retraite. C’est beaucoup d’honneur pour moi qu’un homme de votre rang, et surtout un homme dont les lumières et la droiture sont si connues, daigne témoigner tant d’empressement en ma faveur. Toujours incapable d’agir par d’autres vues que celles du bien commun, vous pouvez encore moins être soupçonné dans cette occasion d’agir par quelque intérêt particulier, n’en pouvant avoir à me produire. Ainsi ai-je toujours regardé vos empressements, comme un pur effet des sentiments favorables que vous avez pris pour moi, sans que je l’ai mérité.

Après tant d’instances de votre part, et surtout après votre dernière lettre, je me rendrais sans doute, et j’essaierais à servir l’État selon ma portée, si j’avais une raison moins forte que celle qui me retient dans ma retraite. Cette raison, vous la savez, c’est pour assurer et conserver en son entier ce que j’ai de droiture et de vertu. Or cette raison ne me permet pas d’entrer aujourd’hui dans les emplois. Je crois même faire mieux de ne vous rien dire sur divers points que vous touchez, et qui ont tous rapport au gouvernement. Permettez-moi de me borner à vous rappeler un mot de Vang tong : De quoi je vous conjure, ô prince, disait-il, c’est d’être vous-même bien réglé, pour bien régler l’État. Ce mot, tout simple, et tout

  1. Mot à mot le chinois dit, les instructions que vous avez eu la bonté de me donner.