Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/821

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Yu king lui-même négocier à la cour de Tsi. La négociation réussit, et les desseins de Tsing sur Tchao s’en allèrent en fumée : tant il importe à un prince d’avoir à consulter dans l’occasion un homme, qui soit en même temps et sûrement fidèle, et bon politique.




DES PRINCES HÉRITIERS.


Tchang tse fang voyant la dynastie Han bien établie, et l’empire en paix, se trouvant d’ailleurs assez infirme, tout heou[1] qu’il était, se retira, ferma sa porte à tout le monde, et ne sortit presque plus. L’empereur pensa à dégrader le prince héritier, pour mettre en la place un autre de ses fils, qu’il avait eu d’une de ses secondes femmes nommée Tsi. Il y avait bien des oppositions à vaincre et des mesures à garder. Ainsi la chose n’étant pas encore conclue, l’impératrice chercha quelqu’un qui pût, par ses conseils ou autrement, lui aider à conserver l’empire à son fils. On lui indiqua Tchang tse fang comme un homme fort éclairé, et d’ailleurs de grand crédit. La reine envoya aussitôt vers lui Liu tse heou, et Kien tching, pour lui apprendre ce qui se passait, et lui demander conseil dans une occasion si importante au bien de l’empire.

Dans l’état où vous me rapportez que sont les choses, dit Tchang tse fang, aller haranguer l’empereur, ce serait peut-être le presser de finir l’affaire : du moins ce serait chose inutile. Mais voici un expédient qui me vient, qu’on peut tenter, et qui peut réussir. Car je connais Kao ti, il ne veut pas troubler l’empire. Je connais quatre hommes qui n’ont rien à craindre : il les nomma. Ce sont quatre vénérables vieillards, ajouta-t-il, qui voyant le peu de cas qu’on faisait des gens de lettres, se sont retirés à leur campagne, et n’ont jamais voulu prendre d’emploi. Sa Majesté les connaît de réputation, fait cas de leur intégrité et de leur droiture, et sait qu’il n’y a point de trésors capables de les corrompre. Il faut que le prince héritier leur écrive d’une manière humble et modeste ; qu’il leur envoie des chariots, et dépêche vers eux quelque homme intelligent, qui les engage à se rendre auprès du prince. Quand ils seront arrivés, il faut que le prince héritier les traite comme des hôtes, et qu’il les garde assidûment auprès de sa personne, en sorte que l’empereur s’en aperçoive, et conçoive que ces gens-là, et tous ceux qui leur ressemblent, sont attachés à ce prince.

L’impératrice eut soin de faire tout exécuter à la lettre. L’arrivée de ces quatre vieillards en attira d’autres : et l’on voyait tous les jours avec le prince héritier grand nombre de personnes graves et vénérables par leurs cheveux blancs. L’empereur qui s’en aperçut, et qui en

  1. Nom de dignité, comme ferait comte, marquis, etc.