Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/830

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avec la reine sa mère ; Tchang tang, pour inspirer à Ouen cheou[1] de l’affection pour ses proches. Tchang tse fang, pour maintenir le prince héritier contre les intrigues de la concubine Tsi[2] et pour épargner à Kao ti[3] deux autres fautes.

D’autres faiseurs de remontrances, sans s’embarrasser des suites, soit par rapport à l’État, soit par rapport à leur personne, ne songent qu’à se faire un nom et ne gardent aucun ménagement : s’ils étudient leurs termes et leurs tours, ce n’est que pour choisir les plus forts et les plus frappants. Ainsi en usèrent en leur temps Li hien yun[4], et le grand censeur Lieou. Quiconque imite ces derniers, peut bien compter à la vérité d’avoir un nom dans l’histoire, mais il ne peut guère espérer d’autre fruit de ses remontrances, que de s’attirer la colère et l’indignation du prince.

    votre table. Tchuang hong vit ce que Kao chou prétendait. Il se sentit aussitôt touché. Il rappela la reine sa mère, et vécut toujours bien depuis avec elle.

  1. Ouen cheou était un prince qui n’aimait personne, non pas même ses plus proches. Tchang tang cherchant l’occasion de faire sentir au prince ce défaut d’une manière propre à l’en corriger, lui fit présent d’un très beau chien, et d’une certaine oie encore plus belle. Cette espèce d’oie sauvage qui s’appelle en chinois yen, est un symbole d’alliance et d’affection, et elle entrait anciennement dans les présents des fiançailles. Ouen cheou reçut ces deux animaux, et témoigna les aimer fort. Tchang tang prit de là occasion de faire au prince une remontrance qui fut bien prise, et eut son effet.
  2. Ce trait d’histoire est ci-dessus au titre des princes héritiers.
  3. La dynastie Tsin éteinte, Lieou pang, qui fut depuis empereur, et surnommé Kao ti, disputant l’empire avec quelques autres, eut du dessous dans un combat : il s’y trouva personnellement dans une occasion à ne pouvoir échapper aux ennemis s’ils voulaient. Yong tchi, un des officiers de l’armée victorieuse, concluait à se défaire de Lieou pang. Ting kong, autre officier de la même armée, donna secrètement moyen à Lieou pang d’échapper, et lui dit : je vous laisse aller : mais si vous êtes empereur, comme il y a de l’apparence, je veux que vous me fassiez heou. Lieou pang devenu en effet maître et empereur voulait faire mourir Yong tchi, et récompenser Ting kong. Vous n’y pensez pas, prince, dit Tchang tse sang. Permettez-moi de vous le dire, Yong tchi a témoigné du zèle et de la fidélité pour le maître qu’il servait ; vous voulez pour cela le faire mourir. C’est lui qu’il faut avancer. Pour Ting kong tout au contraire il a trahi son parti par des vues intéressées ; si vous le récompensez, c’est inviter vos sujets à l’imiter dans l’occasion. Ting kong, si j’en étais cru, aurait la tête coupée. Kao ti comprit l’importance de cet avis, et le suivit contre son inclination.
  4. Sous la dynastie Tang une esclave du palais ayant été aimée de l’empereur, devint ensuite impératrice. Elle profita tellement de la faveur, pour établir son autorité, qu’après la mort de l’empereur, elle se saisit du gouvernement, et le retint au préjudice de son fils le prince héritier, qu’elle relégua loin de la cour, le faisant simplement prince de Lou lin. Li hien, et le censeur Lieou lui firent en différents temps sur cela et sur toute sa conduite les plus aigres remontrances. Le censeur Lieou alla jusqu’à lui dire ouvertement, qu’ayant été une vile esclave, il lui convenait encore moins d’en user ainsi. Elle les fit tous deux punir de mort. Mais dans la suite sur des remontrances plus modérées, que d’autres lui firent à propos, elle fit revenir son fils, et l’établit de nouveau prince héritier, sans pourtant se dessaisir du gouvernement. On a touché ailleurs ce point d’histoire.