Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/847

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fût respectueuse et juste, Chi hoang se mit en grosse colère, et le relégua fort loin au nord. Bientôt Chi hoang attaqué de toutes parts, et se voyant prêt de mourir, rappela son fils mais il le confia mal à propos à Tchao kao. Celui-ci, sujet infidèle, ne pensa qu’à ses intérêts particuliers. Il intrigua avec Li se. Fou sou ne succéda point à son père, ce fut son cadet nommé Eul chi, qui acheva de tout perdre. Yong fils aîné de Souy ven ti eut le même fort que Fou sou. Son père, sur quelques rapports qu’on lui fit, le tint longtemps en prison. A la mort il l’en fit sortir, et le confia au traître Kuang, qui garda à l’extérieur un peu plus de mesures avec Yong qu’on n’avait fait avec Fou sou, mais qui dans le fond le livra aussi au parti contraire. Il y a eu mille ans et plus entre les Tsin et les Souy : mais autant qu’ils ont été éloignés pour le temps, autant ont-ils eu de rapport dans tout le reste. La dynastie des Han succéda à celle des Tsin, elle eut plus de vingt empereurs, et régna plus de 400 ans. La dynastie des Tang suivit celle des Souy, elle eut vingt empereurs, et régna plus de 289 ans ; de sorte que l’on pourrait dire que les Tsin et les Souy, ne furent, à proprement parler, que comme les avant-coureurs de Han et de Tang, ceux-ci ayant duré fort longtemps, et ceux-là n’ayant duré que très peu d’années.

Les prospérités et les calamités présentes ont leurs causes dans les temps antérieurs. Quand je lis l’histoire de Tsi, et que je vois fleurir cet État, pendant que Koan tchong le gouverne sous Hoen tsong, je n’en donne point toute la gloire à Koan tchong : j’en attribue une bonne partie à Pao chou[1] qui n’était plus. Quand je trouve peu après ce même État bouleversé par Chio tao, Y yu, et Kai fang, j’attribue moins ces désordres à ces trois méchants ministres, qu’à Koan tchong qui les avait précédés. Comment cela ? Le voici. Chun gouvernant l’empire sous Yao, fit éloigner quatre méchants hommes, qui cherchaient à se produire. Confucius ministre dans le royaume de Lou délivra promptement l’État de Tchao tching homme dangereux. Si Koan tchong avait imité Chun et Confucius, jamais Hoen kong n’aurait employé ces trois hommes, et ils n’auraient jamais pu nuire. Voilà déjà une raison pour attribuer à Koan tchong en grande partie, les désordres qu’ils causèrent. Mais il y a plus : car je trouve dans l’histoire, que Koan tchong étant malade, le prince lui demanda qui il jugeait propre à prendre sa place en cas de mort. La première fois que je lus ce trait d’histoire, je m’attendais que Koan tchong allait indiquer au prince l’homme le plus vertueux et le plus capable de ce temps-là. Point du tout. Koan tchong à la vérité dit au prince, que Kai fang, Y yu, et Chi tao, étaient des gens très incapables de tel emploi, et même indignes de l’approcher. Mais hélas ! Koan tchong, qui avait passé tant d’années auprès de Hoen kong, ne le connaissait-il donc pas ? Ne savait-il pas quel penchant il avait pour les plaisirs ? Ne savait-il pas que ces trois hommes étaient les ministres de ses débauches ? Ne savait-il pas que depuis longtemps ils auraient

  1. C'est lui qui avait produit et fait mettre en place Koan tchong.