Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/887

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l’avertir, pour prévenir, autant qu’il dépend de vous, les suites d’un pareil désordre. Si d’autres sont trop lâches pour oser parler, vous, mon fils, ne manquez pas à votre devoir. Parlez, vous devez cela au prince que vous servez, et à l’État dont vous êtes membre.

Yu eul animé par le discours de sa mère, cherchait une occasion favorable pour parler au prince. Avant qu’il s’en présentât, il fut envoyé à la cour de Tsi pour une négociation pressante. Sa mère voyant que son fils était parti sans avoir pu parler au roi, se fit porter elle-même à la porte du palais : là elle élève en haut selon la coutume, une supplique, dont le contenu était : la vieille veuve de Kio io a dans le cœur une chose qui l’inquiète. Elle souhaite en donner connaissance à Sa Majesté. Le roi ordonna qu’on la fit entrer. Elle ne fut pas plus tôt en présence du roi, que lui adressant la parole, Prince, lui dit-elle, votre servante a toujours ouï compter parmi les choses qui importent le plus au bien de l’État, l’exacte observation des rits, et surtout de ceux qui sont d’hommes à femmes. Notre sexe a communément plus de tendresse que de fermeté. C’est sans doute pour cela, que les rits ont prescrit qu’on marie les filles de bonne heure. L’âge de quinze ans est le temps ordinaire pour les fiançailles, l’âge de vingt ans pour les noces. Mais suivant ces mêmes rits, les présents ordinaires étant reçus, la fille est censée l’épouse de celui qui les a faits. Il en est de même à proportion des secondes femmes : elles sont liées à celui pour qui on les a prises. Il y a pour tout cela des cérémonies qu’on doit observer. De tout temps les plus sages de nos princes ont regardé comme un de leurs principaux devoirs, de donner l’exemple en ce point : et l’expérience a souvent fait voir que de là dépend beaucoup le bonheur ou le malheur des États. Autant que Ton chan contribua à faire fleurir la dynastie Hia, autant Mo hi en avança la ruine. On peut dire la même chose de Sin et de Tan ki, par rapport à la dynastie Chang ; de Tai se et de Pao se, par rapport à la dynastie Tcheou. Cependant, prince, vous prenez pour vous contre les rits, une femme destinée à votre héritier, et sans faire attention que votre royaume est entouré de puissants voisins, et qu’il ne peut subsister, s’il y naît le moindre trouble, vous même y introduisez le désordre. Certainement votre État est en grand danger.

Le roi ayant écouté attentivement cette remontrance : j’ai tort, dit-il ; et sur-le-champ il fit passer parmi les femmes du prince héritier, celle qu’il avait voulu retenir parmi les siennes. Il fit un présent considérable à cette veuve, qui seule avait eu le courage de le reprendre : et quand Yu eul fut de retour de sa commission, il l’avança en considération de sa mère. Depuis ce temps-là Ngai vang fut beaucoup plus appliqué et plus exact à tous ses devoirs. Il mit un tel ordre dans sa maison et dans son royaume, que ses voisins, quoique puissants et assez mal intentionnés, n’osèrent jamais l’attaquer. Cette action fit beaucoup d’honneur à la vertueuse mère de Yu eul.


Une fille de Chin fut promise à un jeune homme de Fong. Quand ils furent tous deux dans un âge nubile, le jeune homme et ses parents vinrent demander la fille ; mais ce fut sans avoir fait les présents réglés, et sans observer