Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/91

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petit-fils, qui par un mérite si distingué, nous fait connaître quel a été le vôtre. C’est pourquoi vous considérant comme l’origine de sa grandeur, par une faveur singulière, je vous confère les mêmes titres d’honneur, etc. »

L’aïeule du P. Verbiest fut pareillement honorée des mêmes titres, par des patentes, dont voici le sens :

« Nous empereur etc. Lorsque selon les louables coutumes de notre empire, nous voulons récompenser le mérite de ceux qui nous ont fidèlement servi, et par ces récompenses, les exciter à nous continuer leurs services, il est juste qu’une partie de la gloire qu’ils acquièrent pour ces services, passe jusqu’à leurs ancêtres.

« C’est pourquoi considérant les soins que vous avez pris de l’éducation du P. Ferdinand, qui s’acquitte si dignement des charges et des emplois que je lui ai confiés, je vous confère par ces présentes, le titre que l’on donne à la femme de celui qui est mandarin du premier ordre, sous le titre de, etc. Jouissez de ce titre d’honneur, qui relève les soins que vous avez pris de l’éducation de vos enfants et qui excitera les soins des autres, lorsqu’ils verront que nos faveurs impériales s’étendent jusqu’à ceux qui ont contribué en quelque chose à la vertu, et au mérite des personnes que nous honorons. Votre postérité en sera plus glorieuse, et aura pour vous plus de respect : c’est pour cela que nous voulons par ces patentes relever la gloire de votre nom. »

On voit qu’à la réserve de la famille de Confucius, et des princes issus de la famille régnante, on n’est noble à la Chine, qu’autant qu’on a un mérite reconnu par l’empereur, et qu’on y occupe un rang où lui seul élève ceux qu’il en juge dignes : tout ce qui n’est point gradué, est de condition roturière et par là, il n’y a point à craindre que des familles se perpétuant dans un certain éclat, que donne l’ancienneté de la noblesse, s’avisent d’établir dans les provinces, une autorité dangereuse à celle du souverain.





De la fertilité des terres, de l’agriculture, et de l’estime qu’on fait de ceux qui s’y appliquent.


Dans un empire qui est, comme nous l’avons remarqué, si vaste et si étendu, la nature des terres ne peut pas être partout la même : elle est différente, selon qu’elles s’approchent ou s’éloignent le plus du midi. Mais telle est l’industrie des laboureurs, et ils sont si durs au travail et si infatigables, qu’il n’y a point de province qui ne soit très fertile, et qu’il n’y en a guère, qui ne puisse faire subsister la multitude inconcevable de ses habitants.

Outre la bonté des terres, la quantité prodigieuse de canaux dont elles sont coupées ne contribuent pas peu à cette fertilité, et l’on recueille tant de différents grains, qu’on en emploie beaucoup à faire du vin et de