Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/141

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que je crois être le même que celui du jour précédent : nous fîmes encore lever autour de ce ruisseau quantité de lièvres, de perdrix, et d'oies sauvages jaunes, et quelques canards. On y trouva aussi des œufs de faisans, dont on nous servit une omelette qui était fort délicate. Le terroir était plein de sable et de salpêtre, et peu propre à être cultivé, excepté aux environs du ruisseau où il y a de fort gras pâturages. Il fit extrêmement froid toute la nuit et le matin avant le lever du soleil, quoiqu'il ne fît point de vent, et que le ciel fût fort pur et fort serein ; après le lever du soleil il s'éleva un grand vent de nord-ouest, qui fit que le temps fut tempéré. Le 25 nous fîmes environ 50 lys au nord-ouest ; après avoir passé la plaine où nous avions campé, nous entrâmes dans un pays plus inégal que nous n'en avions trouvé ; ce n'était presque que des hauts et des bas ; une partie de ces collines étaient pleines de genêts, le reste était rempli de pierres et de morceaux de cailloux, et de rochers qui sortaient de terre, et qui rendaient le chemin difficile et désagréable : nous vîmes sur ces hauteurs quelques daims et quelque chèvres jaunes : nous campâmes dans une petite plaine qui est toute environnée de ces collines, au travers de laquelle il passe un petit ruisseau, dont l'eau n'est pas fort courante, mais qui ne laisse pas d'être bonne à boire, en la tirant d'un petit puits que l'on avait fait près du ruisseau, selon notre coutume, pour avoir l'eau plus nette et plus fraîche. Nous prîmes en chemin un petit chevreau ou daim, qui était tellement endormi, qu'il ne s'éveilla pas au bruit que faisait notre cavalerie : de sorte qu'il fut presque foulé aux pieds des chevaux. Le père Pereira, qui l'aperçut le premier, en ayant averti Kiou kieou, à côté de qui nous marchions, on fit mettre pied à terre à un valet qui le prit à la main avant qu'il s'éveillât ; après l'avoir considéré on le fit lâcher, parce qu'il était encore jeune ; dès qu'il fut libre, il se mit à courir avec une grande vitesse du côté où nous avions vu fuir sa mère ; nous vîmes aussi sur le chemin quelques lièvres et quelques perdrix, mais pas en si grande quantité que les jours précédents. Le temps fut fort beau tout le jour avec un grand vent de nord-ouest, qui tempéra la chaleur. Le 26 nous fîmes 80 lys au nord-nord-ouest : le pays que nous traversâmes était plus égal, et presque toujours plat : ce sont de grandes campagnes à perte de vue, mais également stériles et incultes, sans qu'il y paraisse un buisson ; ce sont presque tous sables, ou plutôt, c'est une terre sablonneuse, laquelle ne laisse pas de produire des herbes çà et là, mais qui ne peuvent servir de pâturages aux bestiaux ; aux endroits où l'herbe était grande et épaisse il y avait quantité de lièvres ; nous en fîmes partir plus de cinquante ; dans les lieux les plus découverts on trouvait des perdrix, nous en vîmes aussi partir quantité, particulièrement un peu avant que d'arriver au lieu où nous campâmes, qui fut le long d'un ruisseau, lequel traverse une grande plaine presque à perte de vue de tous côtés, si