Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/181

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droit au quartier général de l'armée impériale : nous fîmes bien vingt-cinq lys sur ce chemin, allant presque au nord-nord-est, nous trouvâmes beaucoup de monde qui allait et venait, et entr'autres, une partie de la fauconnerie de l'empereur, au nombre de vingt-cinq ou trente faucons : chaque faucon était gouverné par un officier particulier ; nous traversâmes le camp de l'armée impériale, qui occupait trois quarts de lieue dans l'étendue d'une vallée qu'on appelle Puto. Le gros de ce camp était de cavalerie, composée des détachements de toutes les brigades ou étendards. A l'entrée du camp était une ligne de tentes qui occupaient toute la largeur de la vallée, et qui étaient tellement serrées, qu'elles formaient une espèce de muraille qui empêchait le passage : ce n'était qu'au milieu qu'il y avait une ouverture qui tenait lieu de porte, et qui était gardée par des soldats. Chaque brigade était campée l'une proche de l'autre, toutes sur une même ligne, formant chacune un grand carré, composé des tentes des soldats, placées de la manière que je viens de dire. Au dedans de l'enclos étaient les tentes des officiers et de leurs domestiques, chacun selon son rang, dans un grand ordre avec leurs étendards. Chaque quartier avait une ou deux ouvertures qui lui servaient de portes. De l'autre côté de la vallée et aux environs du camp paissaient des bestiaux ; c'était là aussi qu'étaient les tentes des vivandiers, des bouchers, etc. Au bout de cette longue file se trouvaient les tentes qui appartenaient aux grands de la cour, et aux officiers de la maison de l'empereur, lequel avait son quartier dans l'extrémité du camp au nord-nord-est ; la tente de son fils y était encore ; pour lui il avait décampé dès le matin de ce jour-là même ; il était allé dans une autre vallée plus commode pour la chasse du cerf, dont il fait ses délices ; il n'avait mené à sa suite qu'une partie de sa maison ; les Grands de sa cour l'avaient suivi à petit train, et avaient laissé le gros de leurs équipages au quartier général, de crainte qu'une suite plus nombreuse n'épouvantât les cerfs. Comme nous ne trouvâmes point Sa Majesté au quartier général, nous prîmes le chemin qu'il avait tenu, et nous fîmes encore pour le moins vingt-cinq lys, en tournant dans différents détroits de montagnes. Au pied d'une de ces montagnes, nous trouvâmes le camp impérial dans une espèce de cul-de-sac, formé par des montagnes semblables à celles dont j'ai parlé. Il pouvait bien y avoir mille ou douze cents tentes dans ce petit camp détaché, à la tête desquelles, dans le fond du cul-de-sac, étaient placées les tentes de Sa Majesté, qui étaient fermées de trois enceintes. La première était composée des tentes de ses gardes, qui formaient une espèce de muraille ; la seconde enceinte était faite de petites cordes attachées à des piquets disposés en losange, à peu près comme des filets de pêcheurs : la troisième et la plus intérieure avait une tenture de grosse toile jaune. Cette troisième enceinte avait la forme d'un carré, dont chaque côté était long d'environ 50 pieds géométriques, et haut de six à sept pieds ;