Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/277

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jours nous expliquer les difficultés sur lesquelles les autres n'auraient pu nous satisfaire entièrement, et pour nous apprendre la finesse de la langue. Il se trouva que l'un d'eux avait été mandarin de la douane à Ning po dans le temps que nous y arrivâmes. Il fut bien étonné de nous voir dans un état différent de celui où nous avions paru à son Tribunal ; mais comme il nous avait bien traités, il nous reconnut sans peine, et nous ne manquâmes pas aussi de le remercier du traitement favorable qu'il nous avait fait en ce temps-là sans nous connaître. Le 27 l'empereur ayant envoyé des fruits et des confitures de sa table aux pères Pereira et Thomas, qui continuaient d'aller au palais pour faire des explications de mathématiques, il nous en envoya de même dans le Tribunal où nous étions, ce qui était une nouvelle preuve de la bonté singulière dont il nous honorait. Le 29 l'empereur nous envoya encore des confitures sèches de sa table, que nous distribuâmes aux chefs du Tribunal. Peu de jours après Sa Majesté envoya aussi en notre maison des cerfs, des faisans, des poissons, des oranges pour le commencement de la nouvelle année, et nous allâmes la remercier. Le neuvième premier jour de l'année chinoise nous allâmes rendre nos respects à l'empereur selon la coutume : nous trouvâmes les mandarins de tous les tribunaux, et les officiers des troupes assemblés dans la troisième cour en entrant du côté du midi, qui est la plus grande de toutes, et nous fûmes présents aux trois génuflexions, accompagnées de neuf battements de tête, qu'ils firent tous ensemble, le visage tourné vers le dedans du palais ; cette cérémonie se fit avec beaucoup d'ordre. Chaque mandarin se rangea d'abord chacun selon sa dignité ; ils étaient au nombre de plusieurs mille, tous revêtus de leurs habits de cérémonie, qui ont assez bon air pendant l'hiver, à cause des riches fourrures dont ils sont couverts, et de leur brocard d'or et d'argent qui ne laisse pas de briller, quoique les fils d'or ne soient que de la soie, couverte d'une feuille d'or ou d'argent. Tous ces mandarins étant ainsi debout rangés en ordre, un officier du Tribunal des cérémonies cria à haute voix : — A genoux ; à cette sommation ils se mirent à genoux tous ensemble ; ensuite il cria trois fois : — Frappez de la tête contre terre, ce qui fut incontinent exécuté ; tous frappaient en même temps de la tête à chaque fois qu'on le répétait ; après quoi le même dit : — Levez-vous, et tous s'étant levés debout, on répéta encore deux fois de suite la même cérémonie ; de sorte qu'il y eut trois génuflexions et neuf battements de tête ; respect qui ne se rend à la Chine qu'au seul empereur, et que tous depuis son propre frère aîné, jusqu'au moindre mandarin lui rendent exactement dans d'autres occasions ; les soldats et les ouvriers du palais qui ont reçu quelque gratification de Sa Majesté, demandent permission de le remercier, et font les neuf battements de tête à la porte du palais. Le peuple et les simples soldats ne sont presque jamais admis à faire cette cérémonie ; et on estime les gens bien honorés quand l'empereur reçoit d'eux cette sorte de respect ;