Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/331

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vinrent se ranger à la gauche du lieu où l'empereur devait être assis. Il faut remarquer que la gauche est la place la plus honorable à la cour de Peking ; on laissa la droite pour placer les empereurs et les princes kalkas ; après quoi on conduisit à l'audience de l'empereur le Grand lama houtouktou, et son frère Touchetouhan le plus considérable des trois prétendus empereurs kalkas. Ce lama était un gros homme de taille médiocre, qui avait, dit-on, plus de cinquante ans ; cependant il avait le teint fort vermeil et fort frais, il était gros et gras contre la coutume des gens de sa nation, car il est le seul Kalka en qui j'ai remarqué de l'embonpoint. Il était vêtu d'une grande robe de satin jaune, avec une bordure en bas de fourrure précieuse, haute d'environ quatre doigts, le collet était aussi de pareille fourrure ; par dessus il avait une grande écharpe de toile, de couleur de sang de bœuf qui était relevée par dessus l'épaule. Il avait la tête et la barbe toute rasée ; son bonnet était une espèce de mitre aussi de satin jaune, avec quatre coins retroussés de la plus fine et de la plus noire zibeline que j'aie vue. Il avait des bottes de satin rouge, dont le pied allait en pointe, avec un petit galon jaune sur les coutures des bottes. Il n'y eut que deux lamas qui le suivirent dans le parc intérieur des tentes de l'empereur ; il était conduit par le président du Tribunal des Mongous. Après lui marchait son frère Touchetouhan, le plus considérable des princes kalkas ; il est d'une taille médiocre, maigre et décharné, la barbe déjà grise, le visage long, et le menton en pointe, comme tous ceux de sa nation, c’est par là qu'on les distingue de tous les autres Tartares. J'ai pourtant vu des Eluths qui ont la même physionomie, et le visage tourné de la même manière. Au reste ce Touchetouhan avait la mine assez plate, et aussi dit-on, qu'il a peu d'esprit. C’est son frère le lama qui gouverne, sans qu'il ose y trouver à redire. Il était vêtu d'une grande veste de brocard de soie et d'or de la Chine, mais déjà fort sale, sa tête était couverte d'un bonnet de fourrure, mais beaucoup moins belle et moins précieuse que celle de son frère le lama. Il n'était suivi de pas un de ses domestiques ; il fut seulement conduit par un des premiers officiers des gardes de l'empereur, qui est mongou de nation. L'empereur reçut ces deux princes dans le parc le plus intérieur, sous le grand pavillon qui était immédiatement devant sa tente. Sa Majesté se tint debout, et lorsqu'ils entrèrent, elle ne les laissa pas mettre à genoux ; elle les prit par la main, et les releva, lorsqu'ils étaient sur le point de s'agenouiller. L'empereur était revêtu de ses habits de cérémonie, qui consistent en une veste longue de brocard à fond de satin jaune, toute chargée de dragons en broderie d'or, et de festons et de fleurs en broderie d'or et de soie ; par dessus était une veste à fond de satin violet, sur laquelle il y avait quatre grands cercles, chacun de près d'un pied et demi de diamètre, remplis de deux dragons en broderie d'or ; un de ces cercles était immédiatement sur l'estomac ; l'autre sur le milieu du dos, et les deux autres sur les deux manches. Comme il ne faisait pas trop chaud, cette veste intérieure était