Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/384

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grand et froid ; il tourna ensuite à l'est, et le ciel parut presque tout couvert de vapeurs ; en sorte que le soleil paraissait peu, et fort faiblement ; cependant le vent diminua beaucoup vers le midi, et se remit ensuite au nord ; les vapeurs se dissipèrent, et le reste du jour le temps fut assez serein, excepté vers le coucher du soleil qu'il se recouvrit, après quoi il redevint serein. Nous campâmes dans un lieu nommé Penzé, où il y avait une fontaine de bonne eau, et du fourrage suffisamment. Le 10 nous fîmes cinquante lys, au nord-ouest, dans un pays assez semblable au précédent. Nous vînmes camper en un lieu nommé Kodo, où il y avait trois fontaines et une mare d'eau, mais peu de fourrage. Le temps fut serein tout le jour, mais il fit un grand vent de nord-ouest, qui s'éleva vers les huit heures du matin, et dura jusqu'au soir ; nous prîmes la hauteur du pôle à midi, proche la tente de l'empereur, avec son grand anneau astronomique de Buterfield, et nous la trouvâmes de 45 degrés et quelques minutes. Le 11 nous séjournâmes pour délasser l'équipage. Le temps fut serein le matin, mais un peu après le soleil levé il s'éleva un vent de nord-ouest qui devint extrêmement violent, et couvrit tout l'air de poussière et de sable, dont le soleil fut obscurci. La nuit suivante, le vent qui s'était apaisé le soir, recommença vers minuit, et s'étant tourné au sud, l'air se couvrit de nuages, et il tomba même un peu de neige vers le point du jour. Le 12 on séjourna encore, à cause du vent froid et violent qu'il faisait, et par la crainte qu'on eut, que la neige qui avait commencé à tomber ne continuât. Le vent fut très violent tout le jour du côté du nord-ouest, et l'air tout rempli de poussière et de sable ; sur le soir le vent diminua, et cessa presque tout à fait à l'entrée de la nuit, et le temps devint serein. Ce jour-là, sur les dix heures du soir, deux officiers, qui avaient été envoyés par l'empereur pour apprendre des nouvelles des ennemis, revinrent en poste, comme ils étaient allés, et rapportèrent qu'ils avaient vu de fort près l'avant-garde des Eluths, qui marchaient le long du Kerlon en descendant, et paraissaient s'avancer de ce côté-ci ; ce qui dissipa la mélancolie de l'empereur, et remplit le camp d'allégresse, au moins selon les apparences, parce que l'on commença à espérer que le voyage ne serait pas aussi long qu'on le craignait ; car on souffrait beaucoup dans le camp, parce que la plupart des chevaux étaient fort harassés, aussi bien qu'une partie des chameaux, et des autres bêtes de somme. Sa Majesté assembla ensuite son Conseil vers minuit, et ordonna qu'on dépêchât incessamment des courriers aux généraux des deux autres armées, qui marchaient du côté de l'occident, pour leur porter l'ordre, à l'un, de suivre en queue l'armée des ennemis, et à l'autre, de lui fermer les passages qui faciliteraient sa fuite. Le 13 nous fîmes soixante-dix lys, droit au nord. Après en avoir fait cinquante, nous sortîmes des limites de la Tartarie appartenante à l'empereur, c'est-à-dire, du pays qui est habité par les Mongous, partagés en