Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/403

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d'eau extrêmement fraîche ; on fit des puits tout autour ; cependant il n'y eut pas la moitié de ce qui était nécessaire d'eau pour l'équipage ; pour le fourrage, il y en avait suffisamment et de fort bon. Le temps fut tempéré le matin et le soir, mais il fut fort chaud vers le midi. Ce jour-là on amena en poste à l'empereur les trois principaux officiers qui s'étaient sauvés de la bataille, et qui étaient venus se rendre. L'un d'eux était un ambassadeur du talai lama vers le roi d'Eluth ; et les deux autres étaient des premiers officiers de ce prince, dont l'un était connu de l'empereur, parce qu'il avait été autrefois envoyé à Peking en qualité d'ambassadeur extraordinaire du roi d'Eluth ; ils confirmèrent ce qui avait été mandé la veille. L'empereur les félicita, leur fit donner des habits à la Mantcheou, et les mit entre les mains de So san lao yé pour en avoir soin ; c'étaient des gens assez bien faits pour des Eluths ; les Moscovites les appellent Calmouks. Le 17 nous fîmes 30 lys en partie au sud-est, et en partie à l'est. Le temps fut serein et fort chaud jusque vers les quatre ou cinq heures du soir, quoiqu'il fît un assez grand vent de sud-ouest ; sur le soir il vint un tourbillon de vent du côté du nord, qui pensa renverser toutes les tentes ; ce tourbillon ne fit que passer, après quoi il tomba quelques gouttes de pluie. Ce jour-là, un des premiers officiers de l'armée commandée par Fian gou pé, arriva au camp, avec une lettre de ce général pour l'empereur ; il lui rendait compte de la bataille et de la victoire que son armée avait remportée sur les ennemis. A son arrivée l'empereur sortit de sa tente, devant laquelle s'étaient rendus tous les Grands, et les officiers de sa suite. Ayant fait approcher près de lui cet officier, qui lui embrassa les genoux, il lui demanda d'abord, si tous les officiers généraux se portaient bien ; il prit les lettres du généralissime Fian gou pé qu'il lut tout haut lui-même. Comme j'étais près de Sa Majesté, j'entendis distinctement le contenu de ces lettres, qui portaient, qu'ayant rencontré l'armée des ennemis le douzième du mois, il les avait combattus ; que le combat avait duré trois heures, pendant lesquelles les ennemis avaient soutenu le choc avec beaucoup de valeur, mais qu'enfin ayant plié de toutes parts, ils avaient pris la fuite dans un grand désordre, que nos gens les avaient poursuivis jusques à trente lys au-delà du champ de bataille, qu'il était demeuré deux mille des ennemis sur la place ; qu'on avait fait cent prisonniers ; qu'on avait aussi pris leurs bagages, leurs armes, leurs troupeaux, et une grande partie de leurs femmes, et de leurs enfants ; que le Caldan, avec son fils, une fille, et un lama, qui était son principal ministre, s'était sauvé en diligence, suivi d'une centaine des siens au plus ; que sa femme avait été tuée, et que tout le reste s'était dissipé de côté et d'autre. L'officier ajouta, que ceux qui s'étaient enfuis, venaient tous les jours par troupes, se rendre aux deux généraux de l'empereur, et qu'on avait fait plusieurs détachements