Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sa Majesté prit son logement dans la maison d'un de ses métayers, quoique fort médiocre, en comparaison des tribunaux, où il ne voulut pas loger. Il remit aussi le tribut de cette année à toute la banlieue de Suen hoa, et donna des lettres écrites de sa main aux principaux mandarins de la ville, ce qui est un fort grand honneur. Le temps fut serein et tempéré tout le jour. Le 21 nous fîmes cinquante-cinq lys, et vînmes coucher à Hia pou, c'est un gros bourg, bien fortifié, à demie lieue de la sortie de la Chine ; il s'y fait un grand commerce de chevaux, de chameaux, et de peaux qui viennent de la Tartarie, et que les Tartares changent pour de la toile, des pièces de soie, des feuilles de thé grossier, et d'autres choses qui leur sont nécessaires. A peine fûmes-nous partis, qu'il s'éleva un grand vent de nord-ouest fort froid, le temps se couvrit, et vers les trois heures après midi il tomba un peu de neige. Les soldats à qui est confiée la garde de la porte nommée Tchang kia keou, par où l'on sort de la Chine, se trouvèrent encore sous les armes des deux côtés du grand chemin ; il y avait environ douze ou quinze cents hommes d'infanterie chinoise ; nous y vîmes aussi une troupe d'Eluths, qui étaient venus depuis peu se soumettre aux généraux de l'empereur ; ils étaient à genoux à côté du chemin. Sa Majesté s'arrêta, et fit approcher les chefs, auxquels elle parla environ un demi-quart d'heure, et à son arrivée à Hia pou, elle leur fit donner à chacun un habit de soie, doublé de peaux, et un bonnet à la mantcheou. On donna aux officiers des habits de brocard d'or et de soie. La hauteur du pôle de Hia pou est de 40 degrés 52 minutes. Le 22 nous séjournâmes à Hia pou. L'empereur l'ordonna ainsi, afin que chacun eut le loisir de se pourvoir des choses nécessaires, et de charger le riz que Sa Majesté fit distribuer à chacun pour environ quinze jours. Il ordonna aussi qu'on laissât tous les chevaux maigres, qui seraient conduits à Tai tong, pour y être nourris et engraissés à ses frais, et il fit donner d'autres chevaux à ceux de sa suite, à qui il en avait donné à Peking. Le temps fut fort froid, assez serein le matin, mais ensuite il se couvrit, et il fit un grand vent depuis les neuf ou dix heures du matin, jusques vers les deux ou trois heures après midi, que le temps redevint serein et le vent s'affaiblit. Le 23 nous fîmes quarante-cinq lys, dont les cinq premiers furent encore dans la Chine, après quoi nous passâmes la grande muraille dans un détroit, nommé Tchang kia keou, dont j'ai parlé dans le journal de mon premier voyage. Nous marchâmes presque toujours dans les montagnes, et vers le lieu où nous devions camper. L'empereur chassa quelques heures, et fit voler l'oiseau sur quelques faisans. Le lieu où nous campâmes s'appelle Chan hun to lo hai, c'est-à-dire, blanche tête ; il y avait un ruisseau. Le temps fut serein tout le jour, assez tempéré, pour la saison, qui est