Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous la trouvâmes de soixante-huit degrés vingt-trois minutes, ce qui donne quarante-quatre degrés de hauteur du pôle. Il fit si froid, que le matin bien des gens étaient vêtus d'une double fourrure. Le 22 nous fîmes soixante lys, au nord-nord-est, un quart nord-est ; d'abord nous passâmes une hauteur de sable ; après laquelle nous descendîmes dans une plaine environnée de toutes parts de collines d'un sable dur, et couvert d'herbes, pleines de moucherons. Il y avait dans cette plaine plusieurs petites mares d'eau, et le terrain était si marécageux, que les chevaux avaient beaucoup de peine à s'en tirer ; c'était une terre nitreuse, détrempée d'eau. Au sortir de cette plaine, qui n'avait que quatre ou cinq lys de largeur, nous passâmes une petite colline, et nous fîmes le reste du chemin dans un pays plat et uni à perte de vue ; le terrain était toujours d'un sable dur, et couvert de pâturages assez maigres ; aussi ne vîmes nous pas une tente, ni une seule personne dans toute cette route. Après avoir fait trente lys, nous traversâmes une petite rivière, qui s'appelle Teng pira, et nous vînmes camper au-delà d'une autre petite rivière, nommée Horohon kol, dont l'eau était trouble, et noirâtre, à cause du sable et de la terre noire qu'elle entraîne. Ce lieu s'appelle Horohon pirai poro hojo. Nous trouvâmes la hauteur méridienne de soixante-huit degrés qui donnent quarante-cinq degrés vingt-sept minutes de hauteur du pôle. Le soir l'horizon étant fort uni, et l'air serein, nous prîmes la variation de l'aimant, en observant le coucher du soleil avec un demi-cercle que l'empereur nous avait prêté, fort bien divisé et à lunette. Lorsque le soleil touche à l'horizon étant droit au fil du milieu de la lunette qui est sur l'alidade, et le demi-cercle étant dans la ligne méridienne marquée par l'aiguille de la boussole dudit demi-cercle, l'alidade marquait trente degrés, à compter de la ligne méridienne ; ainsi l'amplitude occidentale était de trente degrés, la variation doit être d'un degré vingt minutes du nord à l'ouest. Le 23 nous fîmes soixante-dix-neuf lys tout compté au nord-nord-est, et un peu plus vers l'est, de sorte que l'on peut mettre le rhumb total au nord vingt-six degrés vers l'est. Après avoir fait près de quarante lys dans un pays toujours uni, et semblable à celui du jour précédent, nous passâmes une petite rivière, qu'on nomme Intchahan. Ses environs sont extrêmement marécageux. Nous continuâmes notre route dans un pays semblable, mais tellement plein de moucherons, que les hommes, et les bestiaux encore plus, en souffraient cruellement ; nous allâmes camper au-delà d'une rivière qui se nomme Hara oussou, dont le cours est très lent, mais qui est pleine d'herbes, et assez profonde, tellement qu'au gué où nous la passâmes, les chevaux en avaient par-dessus les sangles. Nous prîmes la hauteur méridienne qui était de soixante-sept degrés quarante-deux minutes, ce qui donne quarante-cinq degrés quarante-huit minutes de hauteur du pôle.