Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/507

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nous fîmes trente-sept lys à l'ouest un quart de nord-ouest, presque toujours dans de grandes et larges vallées, qui n'étaient environnées que de petites montagnes toutes découvertes. Le terrain de tout ce pays était assez semblable à celui qui est aux environs du Kerlon, c'est-à-dire, stérile, et sablonneux, et plein de trous à rats. Nous vîmes sur le chemin plusieurs chèvres jaunes, et nos mandarins qui marchaient en les chassant, en tuèrent quelques-unes. Nous campâmes proche de plusieurs mares d'eau, formées et entretenues par une fontaine, qui fait un petit ruisseau, dont l'eau est fraîche et bonne. Nous ne pûmes prendre la hauteur méridienne, parce que le temps fut couvert. Le soir il vint une grosse troupe de Kalkas de ce pays pour saluer nos tagin ; ils leur apportèrent en présent des sangliers qu'ils avaient tués en chemin faisant ; il y avait aussi un lièvre, dont le poil tirait sur le noir. Il avait le corps plus long et plus gros, et les jambes plus hautes que les lièvres ordinaires. Le 12 nous fîmes soixante-trois lys. La première moitié au nord-ouest. La seconde au nord-nord-ouest, toujours dans un terrain fort plat ; ce sont de grandes vallées qui se succèdent les unes aux autres ; elles étaient environnées de montagnes peu hautes, et toutes découvertes. Nous vîmes durant le chemin plusieurs troupeaux de chèvres jaunes. Nos mandarins allèrent chasser dans les montagnes au nord-est, ils tuèrent quelques cerfs, et bon nombre de daims ou de chevreuils. On vit un ours et quelques sangliers, mais ils s'échappèrent, parce que les bois y sont fort épais. Nous vînmes camper proche d'une espèce de fontaine, qui forme ensuite un petit ruisseau, mais l'eau n'en était nullement bonne. Nous y trouvâmes la hauteur du pôle de quarante-huit degrés cinquante-quatre minutes. Le 13 nous fîmes quarante-un lys, toujours dans des montagnes découvertes, montant et descendant par des chemins fort difficiles pour les bêtes de charge. Il ne faut compter que trente lys en droiture à l'ouest-nord-ouest ; en sortant des montagnes, nous descendîmes dans une grande plaine au nord-est, en laquelle la rivière de Toula se mêle avec celle d'Orgon. Nous passâmes la première, et vînmes camper entre les deux, sur une montagne qui est à coté de la plaine. C'était le lieu qu'on avait choisi pour l'assemblée des Kalkas de ce pays. Ce jour-là tous les princes kalkas qui y habitent, et qui se sont soumis à l'empereur, vinrent au-devant du tchi, ou de la lettre que l'empereur leur adressait, et des Grands de l'empire qui en étaient chargés. La cérémonie se fit de la même manière qu'elle s'était faite proche le Kerlon, ainsi que je l'ai décrit ci-devant. Après qu'elle fut achevée, nos tagin allèrent jusque sur les bords du fleuve Orgon, qui était tout proche du lieu où on avait dressé les tentes pour tenir leurs assemblées, et ayant remarqué que les eaux de ce fleuve étaient extrêmement enflées, et presque au niveau de la prairie où nous étions campés, et qu'ils pouvaient y être inondés,