Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/546

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D'ailleurs les changements qui arrivent à la surface du globe que nous habitons, ne se remarquent que quand ils sont subits et surprenants ; au lieu que ceux qui se font insensiblement, et sans alarmer la nature, se dérobent aisément aux soins de l'histoire. Les terres que les mers couvrent et découvrent, sont de cette nature. La vie de chaque homme est trop courte pour s'en apercevoir. Il y a même de l'apparence que tous les archipels se sont formés de la sorte, et que la raison pour laquelle les peuples qui les habitent n'en ont point conservé le souvenir, est celle que je viens de rapporter. Sans sortir de la Chine, on peut fournir un exemple qui servira à établir cette conjecture. Chin tsun tchong étant envoyé en qualité d'ambassadeur dans le pays qui est au septentrion du Hoang ho, remarqua en côtoyant les monts Tai hang chan, que les dunes de rocher qui étaient escarpées à plomb, étaient pleines de coquillages, d'écaillés d'huître, et de lits de gravier, qui les entouraient en forme de ceinture ; ce qui fait croire que la mer a autrefois battu le pied de ces montagnes, quoique maintenant en cet endroit-là elles en soient éloignées de mille lys. Il est vrai que Tchu uen kong n'est pas de ce sentiment, et qu'il prétend que ce sont des traces du Hoang ho, qui anciennement baignait le pied de ces montagnes ; mais quoiqu'il soit très aisé de combattre son opinion, il suffit qu'il soit incertain, si la mer n'a pas couvert autrefois cette vaste étendue de terre, pour prouver qu'on ne peut rien conclure du silence de l'histoire chinoise, comme on vient de l'avancer.


Relation succinte du voyage du capitaine Beerings dans la Sibérie