Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/557

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Grand lama, lequel a vécu de tout temps dans une parfaite indépendance des empereurs chinois. Le feu empereur Cang hi y envoya un seigneur de sa cour, pour travailler à leur réunion, et tâcher de les mettre dans ses intérêts. Ce seigneur avait amené avec lui quelques gens de son Tribunal, et pendant plus de deux ans qu'il demeura dans le royaume du Thibet, il leur fit faire la carte de tous les pays qui sont immédiatement soumis au Grand lama. En l'année 1711 on présenta cette carte au père Régis, pour la réduire à la forme des cartes qu'on avait fait des provinces de la Chine ; mais ce Père, après l'avoir examinée, et avoir fait diverses questions à ceux qui l'avaient dressée, ne crut pas devoir se charger de cette commission. Ce qui l'arrêta, c’est qu'il ne trouvait aucun point fixe, et que la distance des lieux n'était marquée que sur le témoignage des gens du pays, qui n'ont jamais mesuré les chemins. Cependant toute imparfaite que parut cette carte, elle faisait assez connaître que le pays était beaucoup plus étendu et plus rempli de circonstances remarquables, que ne le sont nos meilleures cartes de l'Asie, qui ne marquent que très peu de choses, et n'entrent dans aucun détail. L'empereur ayant été informé, que la carte apportée du Thibet ne pouvait servir qu'à faire connaître quelles villes et quelles rivières on trouvait dans sa vaste étendue, prit le dessein d'en faire dresser une plus exacte, et dont il eut lieu d'être satisfait. Il choisit pour cela deux lamas, qui avaient appris la géométrie et l'arithmétique dans une académie de mathématique, établie sous la protection de son troisième fils. Il chargea ces lamas de faire la carte depuis Si ning, de la province de Chen si, jusqu'à Lasa, résidence du Grand lama, et de là jusqu'à la source du Gange, avec ordre de lui apporter de l'eau de ce fleuve. C'est en effet ce qu'ils exécutèrent. En l'année 1717 cette carte fut remise, par ordre de l'empereur, entre les mains des missionnaires géographes, afin de l'examiner ; ils la trouvèrent sans comparaison meilleure que celle qui leur fut donnée en 1711. Elle ne leur parut pas néanmoins tout à fait exempte de défauts ; mais par respect pour l'école d'où ces lamas étaient sortis, ils se contentèrent pour lors de corriger les plus sensibles, et qui auraient choqué les yeux de l'empereur. Ils laissèrent même Lasa au-dessus du trentième degré de latitude, où les lamas l'avaient mis ; ayant plus d'égard à la mesure actuelle dont ces lamas s'étaient servis, qu'à l'observation astronomique. C'est en rétablissant à sa vraie hauteur ce point important, d'où dépendent presque tous les autres ; c'est en se servant du nombre des stades chinois qu'ils ont fait mesurer ; c'est en combinant plusieurs itinéraires depuis Si ning, ville de la province de Chen si, depuis Ta kien leou, ville de la province de Se tchuen, et depuis Li kiang tou fou, ville de la province d'Yun nan, jusqu'à Lasa, qui fournissent les routes du sud-ouest, de l'ouest, et de nord-ouest ; c'est enfin en profitant des connaissances qu'ont donné des personnes