Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/382

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d’Aristide qui representoit une femme percée d’un coup de poignard, et dont l’enfant sucçoit encore la mammelle, s’énonce avec autant de goût et de sentiment que Rubens l’auroit pû faire en parlant d’un beau tableau de Raphaël. On voit, dit-il, sur le visage de cette femme, abatuë déja et dans les simptômes d’une mort prochaine, les sentimens les plus vifs et les soins les plus empressez de la tendresse maternelle. La crainte que son enfant ne se fit mal en sucçant du sang au lieu de lait, étoit si bien marquée sur le visage de la mere, toute l’attitude de son corps accompagnoit si bien cette expression, qu’il étoit facile de comprendre quelle pensée occupoit la mourante. On ne parle pas de l’expression aussi-bien que Pline et les autres écrivains de l’antiquité en ont parlé, quand on n’a pas vû un grand nombre de tableaux riches dans cette partie de la peinture. D’ailleurs il falloit bien que des statuës où il se trouve une expression aussi sçavante et aussi correcte que celle du Laocoon, du rotateur, etc. Rendissent les anciens connoisseurs, et même difficiles sur l’expression. Les anciens qui outre les statuës que j’ai citées, avoient encore