Page:Ducoté - Le Chemin des ombres heureuses, 1899.djvu/73

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Si un lieu te fut cher, choisis-le pour ton ombre,
si jamais tu aimas, demande que la tombe
te rapproche de ton amour.
Nous t’entendons répondre sur un mode moqueur
que peu t’importe ta dépouille
et qu’on peut l’enfouir ici ou bien ailleurs,
garder dans une urne ta cendre
ou bien la disperser au vent.
Es-tu donc si imprévoyant ?
Après tant d’égoïsme, pourquoi, sous le prétexte
que le sang cessera de gonfler tes artères,
te désintéresser tout soudain de ton sort ?
et crois-tu donc savoir ce que c’est que la mort ?

Écoute encore avant de nous quitter.
Peut-être nous sommes-nous trompés,
mais notre joie, dont tu doutes, est possible
Pense quel deuil serait le nôtre
si nous devions par notre faute
subir l’éternité d’un mutuel exil.

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