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qui l’a précédée, l’origine de tout ce qui l’a suivie et, conséquemment, le vrai centre d’une histoire des idées au dix-huitième siècle[1]. » C’est cette histoire, avec tous les problèmes qu’elle soulève, avec les antécédents qui la préparent et les importants résultats, philosophiques et sociaux, qui en découlent, que j’ai, assez témérairement sans doute, entrepris d’écrire dans les lignes qui suivent.

L’intérêt actuel de cette étude, bien que je n’y parle que du passé, n’échappera à personne : dans la guerre sans cesse renaissante que se font, depuis le seizième siècle, ces deux ennemis irréconciliables, le catholicisme et la libre pensée, la bataille que va livrer l’Encyclopédie est la plus acharnée de toutes et aussi la plus décisive ; car, même à cette heure en France, les esprits ne se distinguent-ils pas les uns des autres suivant qu’ils se rattachent, avec plus ou moins de docilité, à Bossuet et à son dogmatisme immuable, ou qu’ils acceptent, avec plus ou moins de réserves, l’héritage de Voltaire et de la Révolution française ?

Dans les pages qui suivent j’ai prétendu faire œuvre de science, non de polémique, et je me suis efforcé d’être avant tout impartial et vrai : pourtant il est certains sujets et, je dois le reconnaître tout de suite, celui que je vais traiter est, plus que tout autre, de ces sujets-là, où l’auteur doit franchement prendre parti, non certes pour ou contre les combattants, mais pour ou contre les idées

  1. Brunetiére : L’Évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Hachette, 1890, I, 210.