Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/114

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pourriture pour y ramasser des vers (vers qui, vendus aux pêcheurs, sont les seuls moyens d’existence de ces familles elles-mêmes autochtones de fumier), une telle société peut-elle demeurer stationnaire sur de tels fondements, au milieu du progrès des idées ? »

« Mais si l’on touche à la propriété, il en résultera des bouleversements immenses qui ne s’accompliront pas sans effusion de sang ; la loi du sang et du sacrifice est partout : Dieu a livré son fils aux clous de la Croix pour renouveler l’ordre de l’univers. Avant qu’un nouveau droit soit sorti de ce chaos, les astres se seront souvent levés et couchés. Dix-huit cents ans depuis l’ère chrétienne n’ont pas suffi à l’abolition de l’esclavage ; il n’y a encore qu’une très petite partie accomplie de la mission évangélique. »

« Ces calculs ne vont point à l’impatience des français ; jamais, dans les révolutions qu’ils ont faites, ils n’ont admis l’élément du temps ; c’est pourquoi ils sont toujours ébahis des résultats contraires à leurs espérances. Tandis qu’ils bouleversent, le temps arrange, il met de l’ordre dans le désordre, rejette le fruit mort, détache le fruit mûr, tasse et crible les hommes, les mœurs, les idées. »

« Quelle sera la société nouvelle ? Je l’ignore. Ses lois me sont inconnues ; je ne la comprends pas plus que les anciens ne comprenaient la société sans esclaves produite par le christianisme. Comment les fortunes se nivelleront-elles, comment le salaire se balancera-t-il avec le travail, comment la femme