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sont vraies, à savoir que son père aimait le plaisir, et que, n’ayant pas de fortune, il trouvait assez commode de vivre du revenu de sa première femme. Mais quand il le représente comme « une de ces âmes fortes qui font les grandes vertus, » quand il dit ailleurs que « l’auteur de ses jours savait se captiver pour ses devoirs, » il est permis de ne voir dans ces déclarations que le désir très-honorable de disculper autant que possible un père dénaturé. Au reste, l’idée dominante de Jean-Jaques dans les Confessions est de ne dire que ce qu’il lui plaît. Son but, en se présentant au lecteur, est de montrer « qu’il n’est fait comme aucun de ceux qu’il a vus, qu’il ose croire qu’il n’est fait comme aucun de ceux qui existent.[1] » Aussi ne s’occupe-t-il des autres, même de ses parents, que par forme, pour ainsi dire, et qu’autant qu’ils rentrent dans le cadre de son ouvrage. Il est l’enfant de la nature, et toutes ses idées, tous ses principes, il les donne comme nés de circonstances bonnes ou mauvaises. De l’effet de ses premières lectures, il date « sans interruption, la conscience de lui-même » : elles lui donnèrent de la vie humaine « ces notions bizarres et romanesques dont l’expérience et la réflexion n’ont jamais bien pu le guérir. »

  1. Confessions, introduction.