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VERS LES SOMMETS

Sur cette dernière phrase, dite d’un ton nostalgique et vibrant, la salle de famille se dégarnit comme automatiquement. Le premier à la quitter fut le chat, dont les rêves durent être troublés par tant de bavardage. Le grand-père alla se coucher. Mme Clément partit pour l’église. Le benjamin ferma sans politesse la bouche de l’appareil radiophonique. Sous le soleil revenu, la neige fondait déjà. Des autos et piétons circulaient. La température s’épanouissait donc en un gracieux sourire. Les deux sœurs sortirent sur la véranda. Les eaux apaisées du fleuve revenaient docilement comme toujours vers le village, étendant sur la plage grise leur belle nappe d’argent. Les oiseaux recommençaient leurs concerts des beaux jours. De l’autre côté du fleuve, les plaines fumaient dans un brouillard rose. Petit à petit, les arbres de la falaise enlevaient leurs manteaux blancs. La physionomie de Saint-Loup-les-Bains était redevenue printanière.

Dans la longue pièce découverte qui donnait sur la falaise, Françoise et sa jeune sœur Simone se promenaient tout en causant. Comme leurs babillages intimes, le clapotement des eaux du fleuve bruissait à peine. Entre elles, à la fin, un dialogue s’était engagé, provoqué chez l’une par la fièvre que la conversation précédente y avait allu-