Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/125

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Le travail s’accélérait au cœur même du vacarme. Des tonnes d’eau avaient été lancées dans les couloirs, emportant la boue, le sang, tous les résidus des salles où l’on opérait. Les opérés étaient reportés dans des couchettes où l’on avait mis des draps blancs. Les fenêtres ouvertes laissaient entrer un air vif et pur, et l’on voyait la nuit tomber sur les coteaux de Meuse peuplés d’éclairs et de fracas.

Quelquefois, un blessé nous apportait des nouvelles fraîches de la bataille. Avec des gémissements, il contait le bombardement incroyable, la résistance obstinée, les contre-attaques en pleine tourmente.

Tous ces hommes simples achevaient leur récit par les mêmes mots, surprenants à cette heure d’angoisse :

— Ils ne peuvent plus passer, maintenant…

Puis ils se reprenaient à gémir.

Pendant les plus dures semaines de la bataille, c’est de la bouche de ces malheureux que nous recueillîmes, entre deux cris, les paroles les plus extraordinaires de confiance et d’espoir.

La première nuit passa dans cette presse. Le