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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/151

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était silencieux, et le petit matin d’été était doux jusque dans la profondeur du boyau. Quelqu’un pourtant veillait et guettait le bruit infime de ses pas. Une main invisible a lancé une bombe. Vite, il a voulu repasser la porte ; mais il avait mis sac au dos et il s’est trouvé coincé dans l’huis comme un rat au piège. L’air a été déchiré par la détonation, et ses jambes ont été déchirées, comme l’air pur, comme le matin d’été, comme le beau silence.


*


Les jours passent et, de nouveau, la course du sang recommence à faire sauter les vaisseaux du cou, à colorer finement la bouche, à rendre au regard la profondeur et l’éclat.

La mort, qui s’était étendue sur tout le corps comme sur un pays conquis, s’est retirée, cédant peu à peu le terrain ; mais voilà qu’elle s’arrête : elle s’accroche aux jambes, elle ne veut plus les lâcher ; elle réclame quelque chose en partage ; elle n’entend pas être frustrée de toute sa proie.

Nous lui disputons la part qu’elle s’est choisie. Le blessé regarde nos travaux et nos efforts, comme