Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/29

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— N’y aura-t-il personne pour me fouler sur la tête, aujourd’hui ?

S’il n’y a pas de réponse, il répète avec un peu d’angoisse :

« Qui donc va me fouler sur la tête aujourd’hui ? » Alors une infirmière s’approche, lui prend la tête à deux mains, et appuie… Je peux commencer : dès qu’on « lui foule sur la tête », Carré est bon.

Lerondeau n’a pas la même pratique. Il faut des mains dans ses mains. Quand il n’en trouve pas, il hurle : « Je vas tomber. »

Impossible de lui prouver qu’il est sur une table solide et qu’il ne doit avoir aucune crainte. Il cherche des mains à saisir, et crie, la sueur au front : « Je sens bien que je vas tomber. » Alors je désigne quelqu’un pour lui tenir les mains, car on ne peut pas souffrir à peu près, au hasard…


*


Chacun a ses cris, à l’heure du pansement. Ceux qui sont pauvres n’en ont qu’un, un cri simple qui sert à tous. Ils font songer aux femmes qui, pour mettre un enfant au monde, répètent mille