Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/189

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Et au long des virginales berges
De même qu’en ce soir, astre nocturne, longuement, astre amoureux, tu t’immerges.
Et telle vint la nuit…
La nuit,
Qui bruit,
Qui luit,
La nuit aux mystérieux circuits…
Ce fut notre extase encore,
L’amour qui nous lia jusqu’à la mort ;
Encore ce fut la gloire de notre hymen,
D’avoir un instant, avant la fin,
Mêlé nos lèvres
Et nos fièvres
Et nos désespérances
Et nos errances
Et cette humanité
De douleur et de joie inextinguiblement mêlées…
Hélas ! hélas ! ô délices des choses passées !

Puis sur ces jours
Un sommeil indéfini descendit et prit son cours.
Comme dans le trépas l’on s’endort,
Dans l’indéfini de l’inconscience on s’endort.
Mais en ce sommeil il est passé un rêve…
Dans le sommeil il est des rêves…
Mourir…
Non, dormir…