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LA LEGENDE D’ANTONIA

L’Amante

Et vous, triste ami, vous cherchiez
Une terre où reposer vos pieds,
Et puis vous répandiez
Parmi les êtres vos pitiés.

Maintenant voyez quel soir doux
Est descendu sur nous,

Et s’il ne semble pas que le destin veuille surseoir
Aux erreurs et aux mauvais vouloirs.


L’Amant

Le destin ! il a fait que vous fussiez là
À l’heure où je passai devant la ville que voilà ;

Et puis il a fait que mes yeux languides
Devinssent, en ce merveilleux instant, lucides.

Maintenant votre âme invisible
Prend sa forme sensible,

Et votre visage
Est son image,
Son gage.

Oui, votre figure
Est une ressemblance sure ;