Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
ANTONIA

En cette grave face,
En cette face pleine de grâce,

J’entrevoyais
D’autres traits ;

Et c’était sous cette figure
Une nouvelle, mal discernable, mais lucide figure,
Une image divine comme elle et aussi pure ;

N’est-ce pas, mère aux tempes de vieillesse et de soucis opprimées,
Que vos yeux, vos pâles yeux, vos ternes yeux déjà presque fermés
Me reflétaient ce doux visage de future bien-aimée ?

Et vous,
Vous souvenez-vous ?

Vous avez aussi
Pressenti
Le visage ami,

Quand vous étiez une enfant pâle
Et qu’au retour des cathédrales

Les mains paternelles
En des caresses éternelles
Berçaient vos rêves et vos ritournelles,

Vos yeux puérils
Lisaient-ils
Au fond des yeux virils ?