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II

Après le symbolisme


Mon dessein n’est pas d’entreprendre ici une histoire du symbolisme, encore moins une histoire du mouvement poétique de ces quarante dernières années, mais de vous exposer les grandes lignes de l’évolution que l’un d’entre les symbolistes a parcourue. Celui qui entreprendrait cette histoire de la poésie contemporaine aurait à étudier, à côté de Mallarmé ou après lui, plusieurs autres grandes influences, outre celles que j’ai signalées déjà. Je ne veux que rappeler quelques noms.

Baudelaire d’abord, qui a été aussi bien notre maître que celui de Mallarmé lui-même.

Toute, la littérature actuelle, et surtout celle que l’on appelle symboliste, est baudelairienne, a écrit Remy de Gourmont, non sans doute par la technique extérieure, mais par la technique interne et spirituelle, par le sens du mystère, par le souci d’écouter ce que disent les choses, par le désir de correspondre, d’âme à âme, avec l’obscure pensée répandue dans la nuit du monde[1].

Rimbaud avait étonné plus encore qu’attiré les symbolistes ; Rimbaud n’est pas un symboliste, dans le sens où l’entendaient les disciples de Mallarmé ; Claudel lui doit beaucoup, et il a su le reconnaître ; les Unanimistes allaient être, tout autant, ses obligés. — pré-

  1. Livre des Masques, 57