Page:Dujardin - Les Premiers Poètes du vers libre, 1922.djvu/17

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Spire a à peine indiquée dans ses articles[1], je précise en donnant un exemple, soit le vers de Hugo :

Que peu de temps — suffit — à changer — toutes choses…

Ce vers comprend quatre pieds rythmiques, le premier avec deux accents (un demi-accent sur peu et un accent entier sur temps), et chacun de ces quatre pieds comporte en lui-même assez de signification pour qu’un arrêt de la voix soit nécessaire après chacun d’eux, très court après les trois premiers, long après le quatrième.

Comme le vers latin, comme le vers grec, comme les vers des grandes littératures modernes, le vers français est donc essentiellement constitué par la succession d’un certain nombre de pieds rythmiques ; et cela est vrai aussi bien du vers libre que du vers régulier ou libéré. Mais, la chose étant admise, la question se pose : suivant quelle loi cette succession constitue-t-elle l’ensemble qu’est le vers ? Et c’est la réponse à cette question qui va nous dire en quoi le vers libre se différencie réellement du vers régulier ou libéré.

Prenons une succession de pieds rythmiques ; d’abord, le légendaire commencement d’Athalie :

Oui, je viens — dans son temple — adorer — l’Éternel ; —

  1. Il m’assurait, dans une conversation récente, être entièrement de mon avis quant à cette importance, primordiale affirmait-il, de l’élément « signification » dans le pied rythmique.