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chiens la trahirent comme elle arrivait au perron, et une soubrette vint nonchalamment s’enquérir :

— Oh ! Madame… enfin !… voilà Madame !

Tout le personnel se groupa joyeux, souhaitant la bienvenue.

— Pourquoi Madame n’a-t-elle pas prévenu ? faisait chacun à l’unisson.

— Vous n’avez donc pas reçu mes dépêches ?

— Quelles dépêches ?

— Sont-ils venus ici ?

— Qui ?

— Mais les Prussiens ! fit la châtelaine impatientée.

— Les Prussiens ? Ils ne sont donc pas toujours en Belgique ?

Ainsi,… pendant qu’à quelques kilomètres, des milliers de Français passaient par toutes les angoisses de la peur, les gens de madame Breton de l’Écluse attendaient leurs maîtres dans la trompeuse sérénité de la nature. Un espoir vint à la maîtresse de céans. Les ennemis, hypnotisés par la tour Eiffel, qu’on leur avait indiquée comme le poteau d’arrivée de cette course à la gloire, les ennemis, pensa-t-elle, épargneront peut-être ce coin de France. Cela s’était vu. Dans les précédentes guerres, il y avait eu des régions privilégiées, restées indemnes entre deux champs de batailles.

Après tant de fatigues physiques et morales, le calme profond de la forêt voisine et la splendeur