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mation des tissus la laissait geignante et désolée. Jeanne Deckes fit son devoir, soulagea les douleurs, guérit la malade et prescrivit un régime, que naturellement, la louve ne put suivre. Accourue d’Allemagne pour faire bombance et piller à son aise, elle était obligée — en échange, — de tenir tête aux beuveries des soudards galonnés ; ce qui n’allait pas sans rechutes douloureuses.

Après les fêtes du jour de l’an, une crise plus aiguë se déclencha : la doctoresse fut mandée d’urgence. Il était dix heures du matin ; et les membres plus las que de raison, celle-ci répondit à l’appel.

— Mère Péchard, dit-elle à sa logeuse, préparez-moi une bonne infusion chaude, car je me sens malade. Je rentrerai aussitôt cette visite achevée.

— Que ressentez-vous madame docteur ? fit la brave femme inquiète ?

— Je ne sais pas ! mes hanches sont lourdes et je suis plus gonflée que de coutume.

— Si c’était vrai, ce que vous craignez, tout de même ?

— Allons donc ! il y a du pour et du contre dans mon inquiétude. Je ne peux pas préciser mon diagnostic. À tout à l’heure, mère Péchard.

La vieille — qui n’avait pris aucune inscription dans aucune Faculté — regarda s’éloigner Jeanne Deckes et se signa.

— Pauvre madame Docteur ! si elle voyait son profil, elle ne douterait plus de son malheur !