Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 263 —

tèrent les plus adorables lettres que deux êtres puissent tracer.

Lorsque le capitaine Lartineau revint en France, il ramena une congaye, qu’il présenta à sa femme comme une domestique précieuse à posséder. Elle l’accueillit sans arrière-pensée, et tomba des nuages où planait son amour lorsqu’elle surprit l’exotique et son mari dans une attitude qui défiait tout commentaire. Ses larmes furent amères certes ; mais la religion en réfréna les torrents. Tandis que l’époux plaidait l’ivresse des romans asiatiques, et que la congaye implorait ses droits au cœur du maître, Mme Lartineau portait au confessionnal le trouble et les hésitations de sa douleur. Au nom des principes divins elle finit par pardonner, et nul ne se douta, dans le monde, de ce qui s’était passé dans ce ménage réputé comme modèle.

L’Indochinoise serait renvoyée dans son pays et l’oubli panserait la blessure ; telle avait été la condition de paix. Mme Lartifieau la contresigna d’un abandon qui devait lui donner son cinquième fils ; et son désespoir fut immense, lorsqu’elle apprit, à n’en pas douter, que la congaye n’avait pas dépassé la banlieue lyonnaise, et que son mari ne cessait de lui apporter ses hommages. Le prêtre, qui dirigeait la conscience de cette mère très digne, lui conseilla le silence au nom de la morale et de la religion. Elle eut la force de se taire, et Robert canalisa, sur sa jeunesse, toute l’affection de Mme Lartineau.