Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 270 —

calice : et quand vint le tour de la colonelle, tant d’admirable résignation se lisait sur son visage, que l’officiant s’arrêta presque interdit. Cette seconde de silence dans le ronron habituel des mots latins fit lever les yeux de la communiante, et toute la pitié qui montait du cœur du prêtre la pénétra d’un long regard mouillé ! Elle comprit que ses vieilles prunelles pleuraient sur elle ; un effroi la saisit, mais, — dominée par la solennité de la minute, — elle osa seulement murmurer :

— Lequel ?

— Joseph ! dit le curé.

Revenant à la Sainte Cène, il psalmodia :

Corpus domine nostri Jesus Christi

Et dans la bouche tordue par le chagrin, mais entr’ouverte par la piété, il posa la Sainte-Eucharistie. Quand Madame Lartineau sortit pantelante de la méditation, dont la mort du Christ et celle de son fils avaient été le thème sublime, elle chancelait. La messe était finie depuis longtemps et les larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues avaient rafraîchi sa douleur. Elle se dirigea vers la sortie, les épaules lasses et le front incliné, mais auprès de la porte elle vit se dresser un surplis dans la pénombre. C’était le Curé, un crucifix d’ivoire à la main qui lui présentait à baiser les pieds cloués du Grand Martyr.

— Il est mort pour les péchés du monde ! Souffla le vieillard….